Entre ciel et terre #1
Combien d’auteurs créent l’empathie par la seule force du dessin ? Golo Zhao (La Balade de Yaya) est de ceux-là. Ses cases sont si communicatives qu’elles se passeraient de mots : d’ailleurs, les plus belles planches d’Entre Ciel et Terre sont muettes. D’un dessin rond, sensible, qui laisse vivre ses traits au sein de compositions sobres et aérées, où le détail est toujours idéalement placé, jamais superflu, riche d’autant de trames que de beaux gris faits main. Une esthétique qui rappelle beaucoup certains films du studio Ghibli et en particulier Le Voyage de Chihiro.
Voici Petite Huit, dont la mère s’est endormie pour toujours un soir d’été. Au village, les gens radotent : « c’est la gamine qui porte malheur ». Heureusement, il y a sa grand-mère, et puis grand frère Ming. Chaque nuit, Petite Huit reste longtemps perchée sur le toit. Elle observe les étoiles… Car là-haut dans le ciel, sa maman doit se sentir très seule. Quelques chapitres plus loin, c’est le grand frère que nous suivons, parti en voyage pour faire le commerce du grain. Le ton change : pour Ming, c’est le début d’une aventure rocambolesque où se mêlent une princesse à l’apparence de sangsue, les apparitions mystiques d’un insaisissable taoïste ou ce représentant de la loi, un peu gauche, qui le poursuit pour un crime qu’il n’a pas commis ! Vues du monde naturel et légendes chinoises forment l’arrière-plan de cette seconde partie, moins intimiste mais tout aussi douce que la première.
En ces pages, tout est équilibre et harmonie entre fond et forme : la pensée chinoise couchée sur papier ? Sans s’arrêter à un tel raccourci, en tout cas, cet ouvrage – premier tiers d’un triptyque – d’une belle poésie, aussi touchant qu’amusant, démontre que le manhua mérite davantage de considération. D’emblée, les éditions Cambourakis placent la barre très haut au sein de leur nouvelle collection d’œuvres asiatiques !
© Golo Zhao, 2014 – Éditions Cambourakis, 2014 pour la traduction française.
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