Épinette noire
Décembre 1947, Violette monte aux commandes de son avion postal du Grand Nord canadien, qui ravitaille les villages isolés au milieu des déserts glacés. C’est son métier, sa passion, et aussi une manière d’affirmer son indépendance. Car son mariage a tourné court, quelques années plus tôt : le bonhomme était bas du front, misogyne, raciste, violent. Violette, elle, préfère le contact des populations autochtones, avec qui elle a réussi à tisser des liens d’amitié. Mais une tempête se lève, en cette journée de décembre, et c’est la chute…
Pour son deuxième livre après Rorbuer, Aurélie Wilmet peint à la fois un portrait de femme et un portrait d’une région à la fois terrifiante et fascinante. Dans de grandes cases travaillées aux marqueurs et aux crayons de couleur, elle compose une narration sensitive, peu bavarde, assez froide aussi, contemplative jusqu’à l’onirisme. En effet, son avion écrasé au sol, Violette, choquée et blessée à la tête, va être livrée à elle-même. Et à la nature sauvage. Une étrange relation avec ours ira jusqu’à se nouer… Il y a quelque chose d’hypnotique dans les images d’Aurélie Wilmet, dans ses planches aux teintes magiques et texturées, ou dans ses pages monochromes fantasmatiques. On se laisse facilement happer par cette mise en scène et ce trait sobres, qui ne sont pas sans rappeler le travail de Simon Roussin. Toutefois, on reste un peu frustré par une histoire trop linéaire, qui manque de moments de tension et qui ne creuse pas assez la psychologie des personnages. Mais le voyage visuel, très fort, mérite à lui seul le coup d’oeil.
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