Erik le Rouge
Aux environs de l’an Mil, Erik Thorvaldsson dit le Rouge est contraint de quitter ses terres d’Islande, après avoir assassiné ses voisins. Il navigue alors vers le Nord, et découvre le Groenland. Mais son règne violent et tyrannique sera bousculé par la royauté chrétienne de Norvège, voulant convertir coûte que coûte les habitants de ce « pays vert »…
Søren Mosdal s’inspire ici de cet épisode historique, qui met aux prises Erik face à ses fils, des prêtres et une population qui ne lui est plus favorable. Et surtout face à ses propres démons. Car au-delà des faits de la grande Histoire, c’est bien le portrait d’un homme avançant pesamment vers sa fin que dresse l’auteur danois. Erik est dépassé par l’avancée de la société, méprisé par sa femme et son fils, et, selon lui, délaissé par les dieux. Mais il veut faire bonne figure, et agit comme un tyran autant que possible. Ce qui n’arrangera rien, et fera ressurgir en lui sa folie sanguinaire.
Mosdal n’hésite pas à construire son livre comme un conte, naviguant entre événements réels dans les décors fantastiques du Groenland, songes hallucinés d’Erik et de son fils, scènes nocturnes aux accents surnaturels où l’on peine à distinguer le vrai du faux… Son trait acéré et puissant confine par moments à l’abstraction, pour mieux peindre à la fois le désert de glace peuplé d’autochtones fantomatiques, et les délires d’un roi de l’hiver à la couronne vacillante. Sur plus de 130 pages, l’ensemble est souvent glacial, parfois hermétique, mais d’une constante puissante graphique et narrative qui impressionne. Dommage que la couverture, plate et banale, ne fasse pas honneur à si beau travail.
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