Esmée #1
Les fantômes du cimetière sont bien embêtés : ils entendent des voix de vivants dans leur tête, et, pire encore, ce sont la plupart du temps des récriminations d’ados ! Ils décident d’envoyer l’une des leurs, la jeune et jolie Esmée, figée dans sa tenue et ses préjugés d’avant la Révolution française, pour tenter de comprendre ce qui cloche dans ce drôle de XXIe siècle…
Jouant du classique décalage d’un personnage d’un autre temps découvrant la modernité, les autrices de cette nouvelle série jeunesse – estampillée Miss Jungle donc plutôt pour les filles (mais pas que) – enchaîne les situations incongrues : Esmée veut porter des pantalons, a peur de monter dans une voiture, est éblouie par les appareils photos et la technologie numérique, et surtout par le fait qu’une jeune femme peut se promener et parler à des hommes sans souffrir la présence d’un chaperon. C’est amusant, mais cinq minutes. Car passé ce ressort éculé de la comédie grand public, on se demande bien quel est l’objectif de l’héroïne et des deux autrices… En effet, d’une part, il manque une exposition un peu cohérente pour comprendre le passé et les motivations d’Esmée et de ses comparses fantômes, qui demeurent pour le moins embrumées. D’autre part, les évocations du harcèlement scolaire, de la boulimie, des violences familiales, de l’homophobie ne sont guère subtiles, et donc bien peu convaincantes. Au fil de ces pages au dessin pourtant léger et agréable, on a la pénible impression que trois tomes ont été compressés en un seul, faisant perdre tout intérêt, toute originalité et toute cohérence au projet. Pas de quoi réveiller les morts, donc. Ni même les vivants.
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