En 1950, des groupes indépendantistes ont tenté de renverser le gouvernement pro-américain de Porto Rico par les armes, s’en prenant directement à l’armée US. Un commando a même tenté d’assassiner le président Harry Truman à Washington. En vain : malgré un statut particulier d’autonomie, Porto Rico est toujours un territoire sous domination des États-Unis d’Amérique.

Sélectionné en compétition au prochain Festival d’Angoulême, cet album narre un fait historique méconnu, autour d’une île qui ne fait guère de bruit au plan international. Mais le plus intéressant est que son auteur, John Vasquez Mejías, dont c’est le premier livre, l’a réalisé entièrement en gravure. Le procédé est assez fou, surtout pour une bande dessinée et non un album illustré : il en ressort une densité de noir impressionnante et un esprit graphique de tumulte rare, idéal pour les séquences de combats notamment. Toutefois, le procédé étouffe aussi le propos, et ne laisse guère de place à l’incarnation (sauf dans les portraits à la fin, une bonne idée) ni à l’explication politico-historique. Un peu comme des affiches, gravées clandestinement et placardées dans les rues pour appeler à la résistance et l’insurrection, Et l’île s’embrasa est un hommage militant et rageur aux révolutionnaires portoricains de l’époque, mais aussi une bande dessinée un peu bancale.