Ether
Étienne Chaize est un magicien. Il avait déjà bluffé son monde avec le délirant Hélios, aventure flashy hors norme. Et offert à Anouk Ricard des décors délicieusement kitsch dans Boule de feu. Cette fois, il ne s’arme que d’un crayon à papier pour construire un voyage hypnotique (la couleur est toutefois gérée numériquement), à mi-chemin entre l’épopée antique et le songe surréaliste.
On suit un petit groupe fuyant la cité d’Ur, attaquée et décimée, pour tenter de gagner une mythique terre promise, Agartha. Leur périple, à travers des plaines désertiques, des landes pelées, des cimes enneigées, des grottes sinistres, durera des années. Ces hommes, femmes et enfants croiseront des civilisations mystérieuses, des peuples légendaires, avançant sans jamais perdre espoir.
Pour narrer cette aventure, Étienne Chaize choisit de prendre de la distance : il s’éloigne de ses personnages pour les placer dans des décors vertigineux, où ils semblent perdus, écrasés par le destin et la nature sauvage. Le lecteur lui-même est impressionné, sidéré par ces pleines pages aux mille nuances vibrantes de crayon. Dans ce livre au format XXL, on ne peut qu’être happé par la beauté des images et leur solennité – si on peut être tenté de jouer au cherche-et-trouve, l’ambiance funèbre et surnaturelle ne s’y prête guère. Ether est donc à la fois une odyssée onirique passionnante qu’un livre d’images majestueuses à scruter dans leurs moindres détails. On se souviendra ainsi longtemps des mains géantes surgissant du brouillard, de ces constructions souterraines impossibles, de ses sommets escarpés… Étienne Chaize est un magicien, et sa baguette est un simple crayon.
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