Eve sur la balançoire
Du haut de ses 16 ans, Eve Nesbit a un charme fou. Malgré une dent tordue, elle possède ce petit quelque chose qui fait tourner les têtes, et qui peut précipiter les hommes dans la folie. Chaperonnée de près par sa mère, qui n’hésite pas à vendre son image (pour des peintures, des publicités…) et même sa virginité, elle va devenir l’une des premières pin-up du XXe siècle. Et se retrouver dans le caniveau aussi vite qu’elle était montée au sommet des buildings de New York.
En narrant l’histoire vraie, et terrible, de cette jeune fille aveuglée par tout ce qui brille et qui n’aura jamais réellement prise sur son destin, Nathalie Ferlut (Elisa) propose un récit documenté et intéressant sur une icône éphémère. Mais, comme trop timide face à l’ampleur du personnage, elle passe un peu à côté de son sujet: l’avènement de la femme objet, à la fois emblème publicitaire passe-partout, poupée sexuelle pour mâle dominant, et tiroir-caisse pour mère ambitieuse. L’auteure se fait trop souvent spectatrice des frasques d’Eve, et en choisissant une construction en flash-back, elle augmente inutilement la charge mélodramatique. Graphiquement aussi, Nathalie Ferlut alterne le ravissant et le surchargé; dommage, car son trait raffiné et expressif fait souvent mouche, comme son choix de couleurs et son usage des textures. Mais à trop vouloir en faire pour mettre en scène le tourbillon d’une jeunesse brûlée, elle perd en sobriété.
Au final, ce « conte cruel de Manhattan » n’est pas raté, il est même souvent poignant ou éclatant. Et sa lecture n’ennuie jamais. On aurait simplement voulu que Nathalie Ferlut réussisse plus souvent à attraper au vol Eve sur sa balançoire, pour mieux se l’approprier et donc mieux la (faire) connaître.
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Oh putain! Les culs serrés de Bodoi, quand ils tombent sur un bon bouquin ils ne sont même pas capables de s’en rendre compte… Mais changez de métier bande de nazes!
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