Fabien Vehlmann s’enfonce en Satanie
Avec le duo Kerascoët (Jolies Ténèbres), il signe l’un des plus beaux albums de la rentrée. Dans Voyage en Satanie, le scénariste Fabien Vehlmann (Seuls, Spirou) envoie un groupe d’humains – dont la jeune Charlie, à la recherche de son frère – dans les entrailles de la Terre, et les confronte à des créatures infernales. Il détaille la genèse de cette quête dangereuse, graphiquement et narrativement enthousiasmante.
D’où est venue l’idée de Voyage en Satanie ?
D’une envie d’un récit un peu à l’ancienne, inspiré de mes lectures de jeunesse et en particulier de Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, qui m’avait fait énormément rêver quand j’étais enfant. J’ai donc eu envie de me frotter à une structure de récit où un groupe de personne vit une aventure hors du commun, à la limite du fantastique, mais toujours suffisamment crédible pour qu’on puisse s’amuser à y croire.
Quel genre de fascination l’Enfer exerce-t-il sur vous ?
Il présente l’avantage de faire immédiatement référence à des peintures célèbres, à des gravures médiévales, aux fresques des cathédrales, bref, à toute une iconographie commune à l’ensemble de la population occidentale ; il est donc tentant de vouloir piocher dans ce foisonnement d’images fortes, surtout quand on s’intéresse à un « langage dessiné » comme peut l’être la BD. Et puis franchement, l’idée de voir l’Enfer réinterprété par les Kérascoët, ça donnait envie, non ? Après, ma vision « personnelle » de cet endroit n’était pas très développée : je n’y ai jamais réellement cru, même enfant. C’est maintenant, en tant qu’adulte, que l’envie m’est venue d’explorer les possibilités narratives offertes par un tel lieu.
Qui sont ces têtes brûlées que vous envoyez au centre de la Terre ?
Je suis attaché à chacun de mes personnages, mais le « trio » de personnages principaux reste celui composé par Charlie, Laverge (l’éditeur) et Montsouris (l’abbé). Ces deux derniers parce qu’ils forment un binôme assez enthousiasmant à travailler – grâce à leurs discussions théoriques et théologiques, et le fait qu’ils ont tous deux des caractères bien trempés -, et Charlie parce qu’elle reste incroyablement forte, malgré ce quelle traverse. Elle est certes un peu borderline, mais qui ne finirait pas par l’être, prisonnier des entrailles de notre planète, avec ces tonnes de terre au-dessus de soi et cette horrible sensation d’étouffement…
De qui sont inspirés les « Sataniens » ?
De l’iconographie catholique classique, celle qu’on voit dans nos cathédrales par exemple. Ce sont donc des démons d’apparence « traditionnelle », avec tout l’équipement auquel on s’attend (cornes, sabots, poils…). A la différence près que ces créatures sont supposées exister « pour de vrai », dans un monde rationnel. Toute la beauté de la thèse de Constantin, le frère de Charlie, est précisément de prouver que de tels monstres ont pu réellement vivre dans les profondeurs terrestres, en supposant qu’il s’agit en réalité de néanderthaliens – cette fameuse espèce très proche de la nôtre mais ayant mystérieusement disparu du globe – qui seraient allés coloniser le sous-sol de la terre.
La mort est omniprésente dans cet ouvrage. Etait-ce une évidence de lui donner autant de place ?
La mort est présente dans tous mes albums, quoi que je fasse pour essayer de l’éviter. Elle est aussi présente dans tout récit d’aventure spéléologique : cette activité peut être enthousiasmante, mais comme toute activité extrême (haute montagne, haute mer…), elle ne supporte pas l’à-peu-près. Il était donc bien naturel que nos héros y soient confrontés, et que certains d’entre eux succombent, hélas.
Quelles recherches avez-vous menées pour préparer ce scénario ?
J’ai lu des livres de spéléologie, mais ma tendance à la claustrophobie ne m’a pas poussé à en faire. J’ai tout de même eu une petite expérience dans les anciennes carrières souterraines de Paris, avec l’équipe de Spirou. En fait, tant qu’on ne me demande pas de me glisser dans un boyau étroit, ça va…
De quelle façon avez-vous adapté l’histoire à l’univers graphique des Kerascoët ?
Pour chaque collaboration, je tente de faire coller mes idées initiales aux envies du ou des dessinateurs. Dans ce cas précis, j’ai pris soin de les confronter à celles des Kerascoët. Afin de modifier tel ou tel rebondissement, ou d’ajuster tel ou tel personnage en fonction de leurs premières recherches graphiques, des héros qu’ils « sentaient » ou ne sentaient pas. Il m’est aussi arrivé de réagir face à des dessins qu’ils me proposaient spontanément : j’essayais d’incorporer au récit ceux que je trouvais géniaux.
Comment avez-vous travaillé ensemble ?
Notre méthode a été assez différente de celle adoptée pour Jolies Ténèbres, qui était clairement et avant tout une histoire de Marie [Pommepuy, la moitié de Kerascoët avec Sébastien Cosset]. Pour Voyage en Satanie, les Kerascoët souhaitaient que je prenne plus de place, que je me sente libre. En ce sens, l’album ressemble sans doute plus (défauts compris !) à mes autres scénarios que Jolies Ténèbres. Mais les deux expériences sont intéressantes.
Quels sont vos projets ?
Je viens de terminer le septième tome de Seuls, qui était techniquement plus ardu à réaliser, car devant intégrer les futurs gagnant(e)s d’un concours permettant à six enfants d’apparaître dans l’album. Et je me mets d’arrache-pied à l’épisode 53 de Spirou… Après ça, j’espère trouver le temps d’avancer sur deux projets de one-shots : l’un avec Roger Ibanez – un thriller -, et l’autre, mythologique, avec Alfred.
En tant que membre du Groupement des auteurs de bande dessinée (SNAC), pouvez-vous nous dire où en sont les négociations entre auteurs et éditeurs concernant les droits numériques ?
Très honnêtement, il n’y a guère de nouveau dans les rapports entre éditeurs et auteurs… Nous sommes toujours contraints de signer des contrats dont certaines clauses ne nous conviennent pas du tout, mais le rapport de force reste, hélas, désavantageux pour les auteurs. Le SNAC continue à travailler sur la question, mais les résultats ne seront pas instantanés : j’ai fini par comprendre que l’activité syndicale demande énormément de temps et de patience…
Propos recueillis (par mail) par Laurence Le Saux
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Voyage en Satanie.
Par Kerascoët et Fabien Vehlmann.
Dargaud, 13,95€, le 26 août 2011.
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Images © Dargaud.
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Pour une fois le style des Kerascoët ne ressemble à du sous-Sfar. C’est cool !
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Pour une fois le style des Kerascoët ne ressemble à du sous-Sfar. C’est cool !
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bonsoir tous… pour spirou et fantario n52,je suis decu peu dessiner du yaonn il ne concentre pas les pages.. comme les toilettes….mais j aime bien tres interressant le scenario du vehlimine…attention la prochaine n53 merciii frederiket lionel
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bonsoir tous… pour spirou et fantario n52,je suis decu peu dessiner du yaonn il ne concentre pas les pages.. comme les toilettes….mais j aime bien tres interressant le scenario du vehlimine…attention la prochaine n53 merciii frederiket lionel
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je vous excuse pas contre yaonn.. j appercevois dessiner les faux cases yaonn laisse les faux cases tres dommage svp vous repecte le bd du spirou et fantario vous pouvez retourner vous refaire les propres cases… c est parfait le scenario vehlimini ok…??? ou les prochaines annes n 53…n54… vous ne laissez pas les faux cases okkkk amitie frederik et lionel .-))
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je vous excuse pas contre yaonn.. j appercevois dessiner les faux cases yaonn laisse les faux cases tres dommage svp vous repecte le bd du spirou et fantario vous pouvez retourner vous refaire les propres cases… c est parfait le scenario vehlimini ok…??? ou les prochaines annes n 53…n54… vous ne laissez pas les faux cases okkkk amitie frederik et lionel .-))
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http://img692.imageshack.us/img692/8922/spirou52.jpg tres bravoooooo
maintenant j aime beaucoup le couverture bleu n52 ooouuuffff… c est claire le bande-dessin .-))) -
http://img692.imageshack.us/img692/8922/spirou52.jpg tres bravoooooo
maintenant j aime beaucoup le couverture bleu n52 ooouuuffff… c est claire le bande-dessin .-))) -
Je viens de découvrir ce week-end ce premier tome et j’ai adoré.
Un scénario original rehaussé par un très beau dessin et une mise en couleur de plus jolie. -
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Un scénario original rehaussé par un très beau dessin et une mise en couleur de plus jolie.
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