Fables amères ***
Par Christophe Chabouté. Vents d’Ouest, le 17 mars 2010.
Il est le spécialiste des ambiances, qu’il parvient à restituer avec une grande justesse à l’encre noire, élégante et parfois pesante. Pour la première fois depuis Sorcières en 1998, Christophe Chabouté délaisse le récit au long cours et revient aux histoires brèves.
Dans ces Fables amères – qui portent parfaitement leur nom -, il pose des situations, raconte des anecdotes. En quelques pages, où les cases sont économisées pour ne pas étirer inutilement le propos, le lecteur découvre divers brins de vie: une gamine pleine de bonnes intentions que ses parents rejettent pour prolonger une grasse matinée; deux âmes solitaires qui s’enflamment mutuellement sur Internet puis se malmènent verbalement quand, sans le savoir, elles se croisent dans la cage d’escalier; un SDF qui, de la rue, entend un couple se disputer à propos de la décoration de son logis…
On sourit rarement de ces « tout petits riens » – le sous-titre de l’album -, qui portent plutôt à la mélancolie. L’auteur a choisi d’enchaîner les saynètes sans transition, ni fil conducteur apparent. Une option narrative au départ un peu déroutante, mais qui permet par la suite de nouer ses propres correspondances entre ces personnages ballotés (et souvent heurtés) par la vie. Le noir et blanc profond de l’artiste avive, si possible, le côté désenchanté de la chose. Il ravit par sa beauté et sa façon subtile de détailler ces chavirements intimes.
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