Face au mur
Jouer la comédie est sa seconde nature. Le « Grand Pépé » a derrière lui une vie de braquages, de séjours en prison, et de planques pour échapper à la justice. Minutieusement, il décrit la préparation de ses coups, leur exécution, leurs conséquences. L’enfermement, la solitude, les relations avec l’administration pénitentiaire et la police, mais aussi la complicité avec les co-détenus, l’excitation de l’action, la jouissance de « palper » une masse de billets… Une grande part des aspects du quotidien d’un malfrat est explorée dans Face au mur.
L’album se pose comme une fiction, mais s’inspire de l’existence de Jean-Claude Pautot, un multi-récidiste qui le cosigne. A la mise en images, Laurent Astier. Le dessinateur n’est pas un débutant dans le polar, il a notamment publié le très réussi Cellule Poison. Il garde ici un trait réaliste solide, et une colorisation originale — sur fond noir, les séquences baignent dans une teinte unique, ce qui leur confère une forte identité.
Narrativement parlant, le schéma temporel est explosé : on navigue d’une époque à l’autre, tantôt dans le présent, tantôt dans le passé du personnage. Malgré cette déconstruction un brin déstabilisante, l’ensemble reste très cohérent, organisé via un récitatif à la première personne, dans un style plutôt efficace. Ainsi amené, le suspense opère à plein.
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