Falaises
Une mère s’est suicidée à Étretat, se jetant du haut des célèbres falaises. Vingt ans plus tard, un homme se souvient, revit un bonheur en trompe l’œil, la dépression et le souffle du vent. Mais les souvenirs sont flous, les images fuyantes, les sensations instables. Tout se consume sans laisser de traces. Reste ensuite une adolescence passée à rester en vie malgré les deuils, les errances et la colère injustifiée d’un père. Ne jamais renoncer mais avancer, traverser l’existence orphelin d’une jeunesse qu’on aurait voulu normale…
Thibaut Balahy et Loïc Dauvillier (Myrmidon au pays des cow-boys, Inès, Mon copain secret) adaptent ici le roman d’Olivier Adam dans un registre contemplatif, intimiste et sensible. Un pari difficile vu le sujet – le suicide d’une mère et ses effets – et les écueils à éviter, du type sentimentalisme larmoyant. Mais conscient des enjeux, les deux auteurs s’en sortent très bien. Dauvillier au scénario, qui préfère jouer la carte de la retenue, utilisant avec parcimonie les phrases du texte original pour introduire une séquence, la clore ou faire une pause. Les dialogues, rares et courts, réactivent quant à eux le passé pour le rendre vivant, suggèrent le mal-être et la solitude face au drame tenace.
Au dessin, Thibault Balahy, libéré de la rigidité des cases, réussit lui aussi à traduire l’esprit des lieux et l’ambiance d’un instant, à capter et restituer des sentiments à l’aide de séquences aussi muettes que fluides, dans un style plus évocateur que réaliste, floutant une maison ou une photo de famille dans des teintes bleues légères, apaisantes et cohérentes. Un bel équilibre au final, entre mélancolie et horizon d’une renaissance, pour un roman graphique sur la douleur de la perte. Jamais lourd et plutôt touchant.
Publiez un commentaire