Fille d’un couple d’immigrés tunisiens, Chadia, 11 ans, vit en banlieue parisienne avec ses 12 frères et sœurs. Elle, c’est le numéro 6 et cet album est l’histoire de son enfance. Dès les premières pages, on rit : même la liste de course devient un objet de curiosité quand il faut acheter 30 rouleaux de papier toilette, 1 litre de shampoing, 6 kilos d’épinards, etc. Et ce, tous les deux jours !

Le  style graphique de Chadia Chaibi Loueslati, qui laisse la part belle au noir, nous entraîne dans un rythme de lecture ludique. Ses planches restituent avec ingéniosité la joyeuse cacophonie d’un foyer où il est impossible de se faire entendre sans que se mêlent les opinions de chacun. Enfin, elle dresse des portraits plus vrais que nature en parodiant l’accent de son père et les méthodes expéditives éducatives de sa mère.

Voilà donc un premier roman graphique très abouti, une œuvre drôle et tendre. En ouvrant avec générosité les portes de l’appartement familial, l’auteure règle ses comptes avec les commérages et la pensée unique qui juge avec sévérité le choix de fonder une famille (certes très) nombreuse.

L’histoire se termine en 1985, le jour des 11 ans de Chadia, qui rêve d’un cadeau magnifique… Mais ses parents offrent un voyage d’été, pour toute la famille, au bled ! Cette chute laisse espérer que l’auteure racontera dans un nouvel album le déroulement de ce voyage. Vivement !