Famille royale
Une princesse scandinave et son amant. Un sexologue parisien. Un bijoutier gangster. Des danseuses qui aimeraient bien juste danser. Des policiers aux techniques peu conformistes. Et une petite fille qui voudrait s’envoler. Mais et si tout cela n’était qu’un rêve ?
Après avoir joué à l’aventure (La Grande Odalisque) et exploré la misère sexuelle contemporaine (La Technique du périnée), Florent Ruppert et Jérôme Mulot reviennent à L’Association avec une nouvelle curiosité, creusant un peu plus leur sillon, fait d’expériences graphiques et narratives avec un style à quatre mains qui leur est propre. En termes visuels, le duo, s’il use toujours d’un noir et blanc au trait fin, joue la multiplication des angles de vue autour d’une même scène, s’amuse avec des miroirs, rigole avec la pesanteur, avec toujours autant de bonheur et d’originalité. C’est plutôt au niveau du scénario que l’album déçoit un peu. Usant de la logique du rêve, qui veut que tout soit possible du moment qu’on le décide ou qu’on le verbalise, l’intrigue part un peu dans tous les sens de manière plus ou moins gratuite. Et si quelques séquences – notamment grâce à un sens consommé du dialogue et de la répartie à froid – sont tout à fait délicieuses, l’ensemble manque de liant et d’une vraie finalité. S’appuyant sur des symboles et des motifs freudiens évidents (l’argent, les obsessions sexuelles, la sensation de voler, les dents qui tombent…), Famille royale se déguste avec le plaisir de rire jaune mais laisse sur sa faim, surtout les amateurs des livres plus fous et audacieux de Ruppert et Mulot (Maison close, Panier de singe, Le Tricheur…).
Publiez un commentaire