Family tree
La Terre va mal. Tout le monde le sait, même si finalement bien peu de choses bougent… jusqu’au jour où la nature décide de reprendre le dessus sur l’espèce qui s’est approprié la planète en une poignée de siècles. Et, Meg n’a beau avoir que 8 ans, elle jouera un rôle clé dans le basculement de l’ordre établi : son corps change, vite, et commence à se transformer en arbre.
Derrière cette histoire de fin du monde au message positif, Jeff Lemire (Le Labyrinthe inachevé, Sweet Tooth, Gideon Falls…) détourne la signification de l’arbre généalogique pour faire de la dernière descendante d’une famille celle qui prend réellement racine tout en unissant les siens. Comme dans nombre de ses créations, le scénariste canadien parle de la filiation et des liens qui unissent chacun des membres de la lignée. Sa fable écologique et intergénérationnelle pointe du doigt les défaillances, les non-dits, les secrets et autres incompréhensions du cercle familial. L’écriture des personnages se révèle de plus en plus pertinente au fil de la lecture et parvient à des révélations poignantes.
Un peu trop alambiqué dans sa narration, des retours en arrière un peu poussifs, une conclusion un peu trop précipitée, Family tree reste une proposition dramatique et prenante de bout en bout. Dans un style graphique dont Phil Hester ne pourrait renier la parenté avec celui de son acolyte Jeff Lemire, le dessin se fait anguleux, violent et expressif, en un mot, vivant. Il parvient à donner aux 300 pages de cette histoire un dynamisme et une fluidité exemplaires.
La nouvelle collection « Graphic Novel » de Panini comics lancée en février 2024 avec Made in Korea continue de s’étoffer de titres particulièrement différents du reste du catalogue de l’éditeur. À l’image des publiés sous le label « Urban » d’Urban comics (Decorum, Une soif légitime de vengeance, The Nice house on the lake…), le but assumé est ici de tenter une énième fois d’ouvrir la bande dessinée nord-américaine au grand public. One-shots, intégrales ou séries courtes sont au programme dans un grand format au dos rond. Difficile de dire pour le moment si le lectorat adhèrera à la proposition, mais quoi qu’il en soit, cela permet une nouvelle fois aux œuvres plus indépendantes et/ou expérimentales de trouver une place en librairie. Et rien que pour ça, on valide !
Traduction : Laurent Laget
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