Et si Les Aventures de Spirou et Fantasio devenaient celles de… Spirou et Seccotine ? Avec son one-shot Fantasio se marie, Benoît Feroumont (l’auteur du Royaume) écarte carrément le blondinet à noeud papillon. L’habituel acolyte de Spirou a ici la tête ailleurs : il doit épouser une riche héritière, quitte sa colocation avec le groom pour emménager avec elle, et passe son temps à lui envoyer des textos mielleux (ou à quêter les conseils conjugaux de Spirou en cas de crise). Forcément, Spirou se trouve donc une autre partenaire pour enquêter sur le vol d’un collier. La dynamique Seccotine surgit sur son scooter et s’installe à la place, et même dans le lit, laissés vides par Fantasio.

Pas idiot, ce biais scénaristique est toutefois prétexte à une démonstration de l’égalité filles-garçons, bien intentionnée mais un peu trop lourde — à travers par exemple un match de foot entre les deux sexes, qui tombe dans le récit comme un cheveu sur la soupe. Plutôt que se centrer sur les potentiellement riches relations entre ses personnages, l’auteur développe une intrigue alambiquée (le collier est un bijou magique dérobé pendant la Seconde Guerre mondiale), avec des personnages secondaires insuffisamment développés — la policière acerbe, la mère ambigüe de Spirou. Claire, mutine et agréable (l’air ingénu des héros, leurs tifs saillants…), la ligne graphique ne parvient malheureusement pas à faire oublier des rebondissements trop nourris et téléphonés.