Félix ou le grand non **
Par Bruno Wesel et Christian Durieux. Soleil/Quadrants, 11,50 €, le 27 janvier 2010.
Mais qu’est-ce qui a pris Félix ? Un des anciens du village, d’ordinaire invisible et silencieux. Un vieux normal, quoi. Sauf qu’un matin, il sort de chez lui et trace un large cercle de peinture sur la chaussée devant sa maison. Et dépose fauteuils, frigo, télé dans son nouveau territoire. Il se déclare chez lui, repousse quiconque veut y pénétrer, sauf un jeune facteur qui a une bonne tête. Très vite, les médias sont là et l’affaire prend un tour politique inattendu…
Christian Durieux (Le Pont, Les Gens honnêtes…) se fait ici scénariste pour un récit original et percutant sur une société du spectacle qui tourne à vide, sur un sens politique qui semble avoir déserté l’esprit des Français. Félix, lui, après des années de silence, ouvre sa gueule. Il dit non à tout ça, non au politiquement correct, non aux promesses en l’air d’un avenir meilleur, non à l’ultra-libéralisme économique qui tire les ficelles. Sauf qu’il ne le formule pas clairement, et que son personnage de petit vieux qui s’insurge est vite récupéré par la télé et les candidats à l’élection présidentielle.
Pour mettre en images cette histoire lucide sur la France d’aujourd’hui, Bruno Wesel (coloriste sur Lefranc ou Alix entre autres) use d’un trait spontané et attachant, et de couleurs douces. L’ambiance est donc paisible, mais le propos plutôt désespérant. Amer et désabusé, ce one-shot se conclut sur une note ensoleillée et bucolique, qui ne manque pas de désarçonner. Car on n’en saura pas plus sur ce personnage étrange, qui finalement n’a pas tant fait bouger les choses. On reste donc un peu sur sa faim, entre la pertinence du propos et le manque de proposition. C’est un peu rageant.
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