Filles des oiseaux #1
Thérèse et Marie-Colombe n’auraient jamais dû se rencontrer. L’une est issue d’un milieu modeste et fruste, l’autre d’une aristo-bourgeoisie bloquée dans ses traditions séculaires. Heureusement qu’il existe l’internat religieux pour que ces deux-là deviennent inséparables. Enfin « heureusement », c’est vite dit : la sévérité des soeurs et le carcan social de cette France qui n’avance pas aussi vite que son économie florissante emprisonne nos deux jeunes filles avides de libertés et de bêtises en tout genre !
On ne présente plus Florence Cestac, figure emblématique de la bande dessinée franco-belge. L’actualité de l’auteure sexagénaire est d’ailleurs la preuve – s’il en fallait une – de cette place majeure. La réédition chez Dargaud des aventures de son premier héros des années 1970, Harry Mickson, ou encore cette exposition organisée du 4 au 6 décembre par le festival SoBD qui en a fait son invitée d’honneur, ne viennent pas démentir l’intérêt toujours vivace pour Florence Cestac. À cette actualité riche, il faut donc ajouter une nouveauté, le premier tome du truculent Filles des oiseaux.
Sous ses habituels traits caricaturaux et ronds, elle croque avec délice Marie-Colombe et Thérèse – doubles de la jeune Florence – dans un délicieux sépia qui sent bon la naphtaline. Car la France du Général est morose et Marie-Colombe et Thérèse ont envie de croquer la vie à pleines dents, ce que les bonnes soeurs ne permettent pas ! Évoquant ainsi sa jeunesse, Florence Cestac nous livre, en quelque sorte, des mémoires à son image : drôles, tendres, crues.
Gageons que le second tome de Filles des oiseaux, dans lequel éclora la liberté et les couleurs de mai 1968, continuera dans la veine de cet opus réussi.
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