Filles uniques #1
Enfant, Paloma traîne sa colère et sa violence de famille d’accueil en famille d’accueil. Jusqu’à arriver chez Liselotte, grisonnante célibataire qui la laisse vivre sa vie de collégienne puis lycéenne, en ne lui donnant qu’un seul objectif : réussir à se faire de vrais amis. La gamine renfrognée soupire et s’énerve une nouvelle fois, mais après quelques années, elle se fait incorporer dans le naissant « Club des Mal-Barrées », constitué d’une hackeuse solitaire, d’une lesbienne fan de rugby, d’une super timide et maladroite, et d’une jeune fille voulant plaire mais peinant à contrôler ses émotions. D’abord moqueuse et réticente, Paloma va trouver dans cette nouvelle bande une place inespérée dans le monde.
Duo d’auteurs spécialisées en jeunesse, les BeKa se penchent ici sur l’adolescence en choisissant une bande de filles uniques incarnant chacune une des failles ou difficultés de cet âge-là : le conflit comme défense pour Paloma, l’affirmation de goûts catalogués comme masculins et de son homosexualité pour Apolline, la difficile connexion au monde et à ses codes sociaux pour Céleste, victime en puissance, et la provocation et le mépris du danger pour Sierra, camouflant mal un manque de confiance criant. Une fine équipe réunie par la mystérieuse Chélonia, dont il nous tarde de percer le mystère familial… Bien sûr, ce choix de s’appuyer sur des archétypes, ainsi que l’enquête trop facile à démêler autour des origines de Paloma, semblent des ressorts scénaristiques un peu faciles. Mais le plus intéressant, outre l’efficace dessin d’inspiration manga de la jeune Camille Méhu (tout juste diplômée des Gobelins), c’est que cette série est vraiment dédiée aux ados, ce qui demeure finalement assez rare en BD franco-belge. Un récit bien calibré, visuellement moderne et des problématiques concrètes: on n’aurait tort de bouder son plaisir.
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