Fire Punch #2-8
Difficile de résumer le propos et l’histoire de Fire Punch tant de pistes sont lancées et vite abandonnées, détournées ou (volontairement ?) inexploitées. L’auteur surprend autant qu’il tâtonne, qu’il cherche les limites et qu’il se rode à la prépublication. Pour faire simple, Agni est un élu aux capacités de régénération sans pareil. Son village attaqué, il est brûlé vif, mais résiste aux flammes tant bien que mal. Dorénavant survivant éternellement incandescent , Agni est suivi par une certaine Togata, femme aussi surprenante que dérangée. La route pour se venger de Doma, le soldat l’ayant enflammé et tué sa sœur, va être longue et semée d’incroyables rebondissements.
Tatsuki Fujimoto frappe très fort avec son récit qui détruit bon nombre de conventions sur son passage. Parmi l’abondance de références à la pop culture, il y a du Ajin, du Freesia et du Mad Max à profusion dans l’univers, le concept et le dessin de Fire Punch. En y ajoutant une allègre touche de Shintaro Kago (Fraction, Carnets de massacres…), on obtient une série adoubée par une flopée d’auteurs reconnus. Hiroaki Samura (L’Habitant de l’infini, Born to be on air !…), Sui Ishida (Tokyo Ghoul), Yûsuke Murata (One-Punch Man, Eyeshield 21…) en tête…
Le trait racé et bouillonnant, la mise en scène cinématographique et visuellement très efficace mettent directement dans le bain. Suivent un déroulé imprévisible, l’utilisation d’ellipses très efficaces qui percutent et surprennent à longueur de temps. Ne faisant jamais dans la dentelle, les partis pris excessivement clivants s’enchaînent, le ton est irrévérencieux, vulgaire et absurde. Jovialement saupoudrée d’ultra-violence, d’un non-conformisme constant et délibérément choquant, cette série est un titre à ne surtout pas mettre dans les mains les plus innocentes.
Bourré de très bonnes idées, des passages abscons, des séquences d’anthologie, des prouesses graphiques, Fire Punch est une sorte de laboratoire déstabilisant et novateur pour Tatsuki Fujimoto. Sorte de mangaka génialement fou tombé dans le marché mainstream avec une âme bien indépendante. Jusqu’à la conclusion littéralement cosmique, c’est le cerveau en ébullition que le mangaka repousse les limites du genre. Étonnant, jouissif, énigmatique, explosif, perché, référencé, mystique et dérangeant. Au minimum.
L’auteur vient de commencer Chainsaw man, une toute nouvelle série dans le Shonen Jump. Espérons qu’il arrive à canaliser ses idées tout en gardant sa fougue pour faire exploser les codes bien trop choyés du plus connu des magazines de shonen… Quoi qu’il en soit, une chose est sûre, le titre ne devrait pas tarder à sortir chez nous !
FIRE PUNCH © 2016 by Tatsuki Fujimoto/SHUEISHA Inc. – Traduction : Sylvain Chollet
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