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Fiure et scritti / BD et littérature

3 avril 2008 |

Organisée par Jean-Christophe Ogier (journaliste à France Info) et Benoît Peeters (scénariste et écrivain), une rencontre a réuni à Bastia plusieurs auteurs d’adaptations littéraires. Pourquoi et comment se sont-ils attaqués à un monument du roman ? Morceaux choisis.

Nicolas Dumontheuil (Big Foot, Futuropolis)
« Je me suis inspiré de Le Monstre des Hawkline de Richard Brautigan, que j’avais lu il y a longtemps. Je ne me suis pas replongé dans le bouquin avant de me lancer dans l’aventure, j’ai préféré procéder de manière instinctive. Je m’en suis donc librement inspiré, et je ne l’ai relu qu’après ! Faire du western était un vieux rêve. Ce genre un peu con est maladroit, machiste, toujours raciste : l’histoire est toujours racontée du point de vue des Blancs. J’avais envie de corriger cela. » [voir aussi notre dossier WESTERN dans BoDoï n°114]

http://www.bodoi.info/wp-content/images/BD118/firescritti/ballantrae.jpgHippolyte (Le Maître de Ballantrae, Denoël Graphic)
« Après avoir terminé une adaptation de Dracula, je cherchais des romans à lire. J’ai acheté une pile entière de livres de Stevenson, et j’ai tout avalé en quinze jours. Le Maître de Ballantrae m’a particulièrement marqué : deux semaines après l’avoir lu, j’attaquais la première planche. C’est un grand roman d’aventures à l’ancienne, avec un vrai souffle épique. J’ai élagué quelques parties, mais j’ai gardé les dialogues de Stevenson. J’ai tenté d’éviter le piège de l’épate graphique : il faut savoir sacrifier le dessin au profit de la narration. J’étais très à l’aise avec l’univers de Stevenson. Je suis devenu monomaniaque, je voudrais adapter un autre de ses textes ! »

Marion Mousse (Frankenstein, Delcourt)
« J’avais lu le livre de Mary Shelley il y a quelques années. Pour moi, il parlait plus de Victor Frankenstein, le créateur, que de la créature (même si elle occupe les deux tiers du roman). J’ai choisi d’utiliser beaucoup de noir, des couleurs vives, assez lourdes, et un trait gras. J’ai évité les plans larges, je voulais que ce soit oppressant. »

Denis Deprez (Moby Dick, Casterman, avec Jean Rouaud)
« J’avais déjà adapté Frankenstein, et le bleu de l’Antarctique était longtemps resté en moi. Je cherchais un roman épique à adapter, qui me permettrait de réutiliser cette couleur obsédante. Avec l’écrivain Jean Rouaud, j’ai choisi Moby Dick de Melville. Nous l’avons lu chacun plusieurs fois, en confrontant nos lectures et en notant des phrases afin de développer le squelette narratif de l’histoire. Ensuite, j’ai réalisé un petit story-board, puis le dessin à proprement dit. Nous avons ensuite réécrit les textes, pour mieux les relier aux images. »
Propos recueillis par notre envoyée spéciale à Bastia, Laurence Le Saux.
© Photos BoDoï

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