Flashpoint – édition 10 ans
Dix ans déjà qu’est paru Flashpoint, un des derniers méga-événements éditoriaux dont les grandes maisons de comics ont le secret. Cette épopée DC réunissant tout son panthéon et construite autour du bolide humain Flash commença de paraître en librairie en 2011. L’idée de ce « What If ? » était de remettre les choses à plat pour préparer le grand reboot de l’éditeur, le New 52. Son univers uchronique fertile allait néanmoins être exploré ponctuellement dans tout un tas de suites.
Urban en republie aujourd’hui l’histoire fondatrice bouclée ainsi que plusieurs de ces suites centrées sur d’autres personnages au sein d’une collection intitulée Le Monde de Flashpoint. Pour en rester au récit original, Urban en propose une édition-anniversaire pas avare en bonus, quoique pas spécialement indispensables. Qui n’aime pas les crayonnés surtout signés Andy Kubert, mais fallait-il vraiment en proposer pour chacune des 170 planches de cette histoire, en gonflant très artificiellement la pagination de l’ouvrage ? Même sentiment vis-à-vis de la couverture gadget en hologramme, pas très heureuse même si tout cela n’a que peu d’importance au regard du contenu. De ce point de vue-là, le rattrapage est bienvenu : cette foisonnante saga, sans se mesurer jamais au récit fondateur Flash des Deux Mondes, s’inscrit honorablement dans la lignée des autres gros events DC type Crisis on Infinite Earths.
Déclenchée à son corps défendant par Flash, Flashpoint suit les codes du film catastrophe. Un matin, Barry Allen réalise qu’il a inconsciemment remonté le temps et empêché l’assassinat de sa mère, 20 ans plus tôt. Un acte lourd de conséquences qui a modifié le cours de l’Histoire avec un grand H et, dans une illustration à grande échelle de l’effet papillon, altéré toute la réalité qu’il connaissait : reprenant ses esprits au cours d’une journée de boulot typique au commissariat de Central City, Barry constate que ses pouvoirs ont disparu, que sa maman est bien là et qu’au dehors, le monde est à feu et à sang, dévasté par une guerre entre d’un côté les Amazones de Wonder Woman et de l’autre les Atlantes d’Aquaman. Entre les deux factions, une poignée de héros emmenée par Cyborg tente de résister. Personne ici n’a entendu parler de Superman et le Batman de ce monde n’est pas celui Barry escomptait trouver.
Geoff Johns ne fait pas semblant quand il s’agit de rebattre les cartes de l’univers DC. Le scénariste s’en donne à cœur joie pour bousculer toutes nos attentes et le style musclé de Kubert se prête à merveille à mettre en scène cette apocalypse guerrière, qui culmine dans des empoignades homériques entre alliés habituels (les méchants ont, une fois n’est pas coutume, été massivement mis de côté) et une double page coup de poing : la Tour Eiffel en ruines submergée sous les assauts d’Aquaman. Dommage que le final, un peu expéditif, balaye un peu facilement tout ce qui a précédé, d’un coup d’ardoise magique. Reste un blockbuster spectaculaire suffisamment bien mené pour qu’on le relise encore sans déplaisir dans 10 ou 20 ans.
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