Par Eric Drooker. Tanibis, 18€, novembre 2009.

Excellente initiative des éditions Tanibis de nous faire découvrir l’auteur américain Erik Drooker, jusqu’ici plus que confidentiel en France. Car les trois récits muets qui composent Flood sont d’une puissance rare, notamment par l’utilisation de la périlleuse technique de la carte à gratter, domptée ici avec une classe inouïe.

Erik Drooker évoque la lutte de l’homme avec son environnement, un combat quotidien pour survivre dans une ville étouffante, avilissante, qui semble nourrir chaque jour son ventre de métal et de goudron de citadins en perdition. Par de grandes images expressionnistes, comme taillées au scalpel, il compose un récit tour à tour poétique, dépressif, onirique et militant. Manipulant avec précision l’ombre et la lumière, il plonge ses personnages dans un univers oppressant qui les dépasse et dans lequel le noir mange peu à peu le blanc. Toutefois un petit espoir de couleur bleu fait son apparition dans la dernière partie du récit, donnant un peu d’air à un livre asphyxiant. Un peu d’air mais pas forcément d’espoir, ou alors dans la solution radicale de la mort pour un nouveau commencement. Même si le sujet paraît dur, foncez, laissez-vous emporter par ce Flood qui ne vous laissera pas indifférent, rien que par son immense maîtrise graphique.

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