Formose **
Par Li-Chin Lin. Çà et là, 22 €, le 23 novembre 2011.
Installée en France depuis une douzaine d’années, la Taiwanaise Li-Chin Lin revient sur son enfance et sa jeunesse sur la petite île qui résiste au géant chinois d’en face. Un État mal connu et en mal de reconnaissance internationale, malgré un vrai dynamisme économique et une constitution démocratique. En tout cas en apparence. Car le récit de Li-Chin Lin met en exergue un pays construit autour du culte de ses premiers dirigeants, d’un anti-communisme primaire et d’une restriction de la liberté d’expression.
Ce livre est donc tout simplement édifiant. Car il révèle par petites touches comment une gamine vive et intelligente succombe à la propagande du parti majoritaire, muselant toute contestation et endormant l’opinion dans un bonheur factice et l’utopie d’une réunification avec la Chine continentale. Les parents taiwanais élèvent leurs enfants avec l’obsession de la réussite scolaire et sociale, et les pauvres gamins sont forcés de turbiner comme des fous pour tenter de décrocher une place dans un bon lycée, puis une bonne fac… sans qu’on leur apprenne jamais la véritable histoire de leur pays.
Avec son dessin crayonné, plein de vie et de candeur, la jeune auteure raconte tout cela avec simplicité, se mettant en scène dans des séquences familiales ou scolaires, remplies de détails. C’est aussi la limite de l’exercice : Formose pâtit d’un manque de concision, qui dilue l’émotion au profit d’une abondance d’informations. Et le trait est encore trop frêle pour fasciner à chaque page. Néanmoins, pour un premier livre, voilà un ouvrage qui mérite le détour, en raison de son intérêt politique et de la révélation d’une auteure à suivre.
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