Fouché #2
Nicolas Juncker, habitué aux BD historiques en tout genre – La Vierge et la Putain, Un jour sans Jésus… – se penche ici sur le parcours politique du célèbre Fouché, grand ministre de la police de Napoléon. Si dans le premier volume on l’avait vu en tombeur de despotes (Louis XVI et Robespierre), retournant sa veste au gré des options qui s’offraient à lui, portant ainsi à leur paroxysme les théories de Machiavel en politique, ce second tome aborde une facette plus connue : le policier de l’Empire napoléonien qui a su créer un véritable service de renseignement intérieur et de surveillance. Slalomant au gré des inimitiés, celle de Lucien Bonaparte par exemple, des alliances diverses, et des attentats manqués, Fouché s’impose comme un être inquiétant mais fascinant par sa maîtrise de la chose politique. Les auteurs ne cachent pas leur admiration : ce diptyque au grand format donne à Fouché toute la place qu’il mérite.
Malgré tout, on note à regret un traitement assez classique de la biographie, avec un angle historiographique somme toute assez vieillot : l’axe du grand personnage revendiqué ne doit pas faire abstraction de l’ensemble des bouleversements sociaux de l’époque, peu évoqués. Le découpage aussi ne permet pas de sortir d’une linéarité biographique – dont les titres des deux tomes « le révolutionnaire » et « le policier » révèlent le manque d’originalité – qui confine au bout d’un moment à l’ennui. Enfin, le choix par Patrick Mallet (Le Long Hiver, Achab…) d’un trait caricatural aux lignes souvent grossières n’invite guère à l’adhésion. Les variations audacieuses dans l’agencement des cases, ainsi que les quelques pauses réussies présentant des plans plus larges, ne changent rien hélas à la donne : l’intérêt suscité au sein d’un dessin répétitif s’essouffle malheureusement très vite.
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