France de Riga #2
Par Séraphine. Glénat, 9,40 €, le 13 février.
À une époque où l’on ne parlait pas encore de lingerie, le commerce des dessous recelait bien des secrets et des intrigues. Au sortir de la Révolution française – dont les lois furent très rudes à l’égard des émigrés -, Adelaïde suit sa mère, une « émigrette » comme on les appelait alors, qui exerce le métier de couturière autour de la Baltique. Jusqu’à l’assassinat de celle-ci, qui fait basculer sa vie et précipite son désir de vengeance. Rebaptisée France de Riga, la belle orpheline entre au service d’une blanchisserie d’Hambourg. D’abord lavandière, elle passe à la couleur puis à la livraison, un poste idéal pour percer les secrets les plus intimes des clients. Rivalités et éveil à la sensualité aiguisent son appétit pour la vie. De fil en aiguille, elle comprend les ressorts de cette véritable organisation féminine qu’est la blanchisserie. S’ensuit une enquête vagabondant sur les chemins d’une Europe en pleine rupture, qui voit sacrer Bonaparte empereur. Après un début alléchant, la suite l’est tout autant. Auteure formée auprès des plus grands, Séraphine possède un talent rare et précieux qu’elle distille au compte-gouttes, à l’aide d’une technique très personnelle qui flirte avec l’aquarelle. L’inquiétante douceur de ses couleurs directes donne au récit un charme étonnant, à mi-chemin entre polar et chronique historique. La maîtrise des fonds et décors s’est précisée depuis le premier tome. Pour autant, rien de figé dans ces planches qui sont une ode à la beauté des femmes éprises de liberté.
Morgan Boëdec
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