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Freak's Squeele, le nouveau standard de la BD grand public

20 janvier 2010 |

freaks_introOn vous le dit et on vous le répète depuis un certain temps déjà : Freak’s Squeele est LA meilleure bande dessinée tous publics du moment. Le troisième volume de cette saga vient de sortir, et le mélange d’action, d’humour, de séquences sexy et d’aventures détonne toujours autant. On y retrouve des étudiants un peu losers inscrits dans une école de héros, et qui passent auprès de l’opinion publique pour de super-vilains en puissance. Éditée comme Debaser par le label 619 d’Ankama (dirigé par Run, le créateur de Mutafukaz), Freak’s Squeele a peut-être un nom à coucher dehors, mais allie comme rarement un graphisme virtuose d’inspiration manga (en noir et blanc, avec un cahier couleur) à une intrigue haletante, avec des héros attachants et des méchants mystérieux. Pour en savoir un peu plus sur cette série, bientôt déclinée en dessin animé, son créateur Florent Maudoux, 30 ans, a pris le temps de répondre à nos questions.

Comment êtes-vous venu à la bande dessinée ?
J’ai longtemps été un autodidacte car, à l’origine, je ne me destinais pas à un métier de l’image. J’ai plaqué mes études de mathématiques pour le dessin et, après une année d’école préparatoire graphique, je suis entré à l’École des Gobelins en animation. Comme il y avait très peu de débouchés dans le dessin animé à l’époque, j’ai bossé dans le jeu vidéo sur de l’animation 3D et du storyboard. freaks_combat Puis j’ai fait de l’illustration pour des jeux fantastiques. J’ai toujours lu de la BD, ça a commencé par les Mickey Parade et autres aventures de Placide et Muzo, plus tard Astérix et surtout Gaston Lagaffe. J’ai aussi hérité d’une collection de Spirou qui m’a permis de lire une grande variété de titres. Deux grands bouleversements marquent ma culture BD, la découverte du manga, pour lequel je me suis enthousiasmé, et la rencontre de l’univers de Jodorowsky : j’ai été marqué vers l’âge de 8 ans par Alef Thau, et plus tard par les Métabarons. Curieusement, ce qui m’a le plus donné envie de faire de la bande dessinée, ce n’est pas tant la BD elle-même que les histoires que j’avais envie de raconter.

Comment est née la série Freak’s Squeele ?
C’est un projet qui me tenait à cœur depuis des années, et c’est finalement pour la partager avec ma compagne – et pour dérouiller mon art narratif – que j’ai commencé à mettre en images les aventures de Chance. Puis, une chose en amenant une autre, j’ai dessiné 200 planches de storyboard, qui ont posé les bases de l’univers de Freak’s Squeele.

Quelles étaient vos intentions au départ ?
Je voulais raconter l’histoire d’une école de méchants. J’aimais bien le décalage graphique et scénaristique que cela pouvait provoquer. Mais, plus j’y réfléchissais, plus il m’était difficile d’imaginer des personnages souhaitant devenir des méchants. Finalement, j’ai trouvé plus juste de raconter une histoire se déroulant dans une école de héros de seconde zone, rapport à mon expérience de la fac…

freaks_mechants

L’idée a-t-elle été difficile à vendre aux éditeurs ?
Oui. Personne ne voulait d’un projet sortant du format franco-belge traditionnel, et encore moins d’un jeune dessinateur/scénariste. « D’habitude on marie un dessinateur et un scénariste pour que chacun fasse correctement son boulot »: voilà en gros le genre de réponse qu’on m’a faites. J’ai failli capituler mais, grâce à un concours de circonstances improbable, j’ai envoyé mon dossier à Ankama. Deux heures plus tard, j’avais un Tot [patron d’Ankama – ndlr] enthousiaste au bout du fil, qui m’invitait à Lille pour qu’on discute de mon projet.

freaks_ombreL’avez-vous tout de suite imaginé comme une saga au long cours (six tomes de 130 pages) ?
Oui, Freak’s Squeele était immédiatement conçu comme une série où je prendrais le temps d’amener le propos et les personnages à maturité. Après, je me donne une certaine liberté pour le développement, afin de laisser vivre mes personnages.

Freak’s Squeele mélange l’action, l’humour à tendance parodique, l’aventure, un petit côté sexy, une quête initiatique… Quelles sont les difficultés rencontrées pour agencer cela ?
Caser l’ensemble sur 130 planches et conserver un rythme qui n’ennuie pas le lecteur… De plus, dans chaque tome, j’essaye de développer un aspect spécifique de mon univers : la sexualité à la fac dans le premier tome, la création dans le deuxième, et la formation dans le troisième. Bref, c’est un vrai casse-tête scénaristique ! Mais en s’y prenant correctement, ça se joue comme à Tetris : la bonne pièce finit toujours par tomber et on peut respirer jusqu’au prochain tas de pièces… Enfin, ma compagne m’aide beaucoup dans l’écriture, elle est mon premier public.

freaks_chanceQuelles sont vos inspirations et références ? On sent qu’il y en a beaucoup et, en ce sens, la série semble être la synthèse des goûts d’une génération (biberonnée à Star Wars, morte de rire devant les Monty Pythons, excitée par les mangas modernes)…
C’est déjà une bonne liste ! On peut rajouter les films hongkongais qui ont marqué mon enfance (Le Bras de la vengeance, La 36e chambre de Shaolin…), et plus récemment la filmographie de Tsui Hark et Johnny To. Puis le cinéma des frères Coen et celui de John Carpenter. La liste est longue… En revanche, lorsque j’écris, j’essaye de conserver un propos qui me tienne à cœur. La référence ne fait pas le scénario.

Comment faites-vous pour réaliser autant de pages en si peu de temps (130 planches virtuoses par an!) ?
Le plus dur pour moi est de conserver « l’œil du tigre ». De m’efforcer de toujours amener le petit truc en plus qui fait qu’une planche apporte quelque chose au lecteur. Le reste n’est qu’une question de technique : chaque geste doit être reproductible, ainsi je peux me concentrer sur les choses nouvelles que je veux apporter à mon dessin. Cette manière de penser est peut-être due à ma formation de pianiste, où chaque note doit être parfaitement jouée avant de pouvoir insuffler de l’âme au morceau.

Votre volonté est aussi de faire mûrir les personnages d’album en album, pour qu’ils ne soient pas figés…
Exactement, c’est comme ça que je conçois une série. C’est même le cœur de ma motivation à écrire: imaginer ce qu’ils vont devenir et comment ils vont influencer l’univers dans lequel ils évoluent.

Y a-t-il des choses que vous vous interdisez dans cette série ?
Plein. Écrire une BD, c’est comme raconter une histoire à quelqu’un, les yeux dans les yeux : on se doit de respecter certaines conventions sociales, sans quoi on n’est tout simplement pas écouté. Par contre, si on y met les formes et si l’on est pertinent, on peut raconter tout ce qu’on veut à n’importe qui. C’est aussi simple que ça.

freaks_metisseVotre style est clairement influencé par le manga. Mais votre univers et votre histoire peuvent séduire des non-lecteurs de manga. Était-ce l’intention ?
Non, pas consciemment en tout cas. Je dessine comme je pense que doivent être représentés mes personnages. J’ai surtout adopté ce style pour avoir un maximum de liberté dans la représentation de l’univers de Freak’s Squeele. Cela peut avoir l’air paradoxal pour quelqu’un qui dessine « réaliste » mais, lorsque je capte un détail dans la réalité, j’aime pouvoir le retranscrire aussi fidèlement que possible dans mon dessin. Peut-être aurais-je envie un jour de faire une BD plus graphique…

Votre série semble être aussi une réponse au côté parfois très débile de certains mangas pour ados…
Exactement. J’ai d’autant plus de répulsion pour ces « harem manga » que lorsque quelqu’un en laisse traîner un sur une table, je ne peux m’empêcher de le lire… Mais, je vous rassure, il n’y a pas que certains mangas qui peuvent être rétrogrades, les Français y arrivent très bien tout seuls. Chaque œuvre qu’on laisse derrière nous devient une part de notre culture, qu’on le veuille ou non, du coup j’essaye d’être en phase avec le pays dans lequel j’ai grandi. Voilà, c’était ma petite phrase en réponse à la question de l’identité nationale…

Est-il compliqué de faire du style manga en France ?
Franchement, non. Le « style manga » est de plus en plus accepté et assimilé par la plupart des jeunes auteurs et, par extension, des éditeurs. En revanche, ce qui ne passe pas toujours auprès des éditeurs – comme auprès d’un lectorat d’un certain âge -, c’est la narration typée manga. Celle-ci a tendance à dérouter les lecteurs habitués aux plans larges qui décrivent la scène dans son ensemble (protagonistes et décors). Les Japonais et de plus en plus d’Occidentaux ont adopté un style narratif basé sur la succession de plan qui posent une ambiance. Le lien logique entre ces cases d’ambiance n’est pas forcément évident pour un lecteur habitué à des cases plus classiques et posées. C’est un phénomène quasi générationnel puisqu’on le retrouve dans le cinéma : essayez donc de faire voir un film de Baz Lurhmann (Moulin Rouge, Roméo + Juliette…) à un sexagénaire habitué à La Soupe aux choux

freaks_valkyrieComment est né et comment avance le projet de série animée Freak’s Squeele ?
Tot m’a tout simplement proposé de créer une version animée. D’abord parti au Japon, le projet est revenu en France suite à différences culturelles [au départ, il était effectivement développé là-bas – ndlr]. Rien de dramatique pour nos relations diplomatiques, mais je crois qu’on n’a tout simplement pas la même vision du projet. Qui repart actuellement sur des bases saines.

Quels sont vos autres ouvrages en préparation ?
Un spin-off sur le personnage de Valkyrie. J’ai rencontré la scénariste idéale pour s’en occuper, mais on cherche encore le bon dessinateur ou la bonne dessinatrice pour le mettre en images. C’est compliqué, car je suis finalement assez exigeant sur le contenu du dessin. Et jusqu’ici, on a eu tendance à « castrer » nos dessinateurs avec nos exigences, pour au final recevoir des planches trop « scolaires ». Mais je ne désespère pas !

Propos recueillis (par email) par Benjamin Roure

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Freak’s Squeele #3 : Le Tango de la mort.
Par Florent Maudoux.
Ankama, 14,90 €, le 28 janvier 2010.

Achetez Freaks’ Squeele T3 sur Amazon.fr

Images © Maudoux / Ankama

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Commentaires

  1. j’ai réellement accroché à cette bd qui donne un nouveau souffle , c’est frai, c’est beau, c’est drole.. bref un sans faute

  2. j’ai réellement accroché à cette bd qui donne un nouveau souffle , c’est frai, c’est beau, c’est drole.. bref un sans faute

  3. j’ai réellement accroché à cette bd qui donne un nouveau souffle , c’est frai, c’est beau, c’est drole.. bref un sans faute

  4. Je ne connaissais pas, mais ça a l’air vraiment pas mal.

    Par contre le speech de base « l’école de super-héros de seconde zone » m’a fait furieusement pensé à Sentai School de Philippe Cardona et Florence Torta qui eux aussi sont très orienté manga, mais avec un style beaucoup plus parodique.

    Je vais me pencher sur cette oeuvre

  5. Je ne connaissais pas, mais ça a l’air vraiment pas mal.

    Par contre le speech de base « l’école de super-héros de seconde zone » m’a fait furieusement pensé à Sentai School de Philippe Cardona et Florence Torta qui eux aussi sont très orienté manga, mais avec un style beaucoup plus parodique.

    Je vais me pencher sur cette oeuvre

  6. Je ne connaissais pas, mais ça a l’air vraiment pas mal.

    Par contre le speech de base « l’école de super-héros de seconde zone » m’a fait furieusement pensé à Sentai School de Philippe Cardona et Florence Torta qui eux aussi sont très orienté manga, mais avec un style beaucoup plus parodique.

    Je vais me pencher sur cette oeuvre

  7. La grosse différence avec Sentai School (et ce qui fait la force de Freak’s Squeele), c’est un humour moins référentiel et un scénario plus affirmé, là où SS se veut essentiellement parodique. Ce sont deux séries complémentaires. Ceux qui aiment Sentai School devraient adorer Freak’s Squeele. En tout cas, moi c’est fait.

  8. La grosse différence avec Sentai School (et ce qui fait la force de Freak’s Squeele), c’est un humour moins référentiel et un scénario plus affirmé, là où SS se veut essentiellement parodique. Ce sont deux séries complémentaires. Ceux qui aiment Sentai School devraient adorer Freak’s Squeele. En tout cas, moi c’est fait.

  9. La grosse différence avec Sentai School (et ce qui fait la force de Freak’s Squeele), c’est un humour moins référentiel et un scénario plus affirmé, là où SS se veut essentiellement parodique. Ce sont deux séries complémentaires. Ceux qui aiment Sentai School devraient adorer Freak’s Squeele. En tout cas, moi c’est fait.

  10. Francois Pincemi

    Pour l’instant, je suis solidaire des sinistrés d’Haïti, et je suis encore marqué par les disparitions de Tibet et Jacques Martin.
    Donc, pour le reste on verra aprés, si vous le voulez bien.
    Ceci dit, les case présentées donnent envie d’en voir plus : Florent Maudoux semble plutôt doué.

  11. Francois Pincemi

    Pour l’instant, je suis solidaire des sinistrés d’Haïti, et je suis encore marqué par les disparitions de Tibet et Jacques Martin.
    Donc, pour le reste on verra aprés, si vous le voulez bien.
    Ceci dit, les case présentées donnent envie d’en voir plus : Florent Maudoux semble plutôt doué.

  12. Francois Pincemi

    Pour l’instant, je suis solidaire des sinistrés d’Haïti, et je suis encore marqué par les disparitions de Tibet et Jacques Martin.
    Donc, pour le reste on verra aprés, si vous le voulez bien.
    Ceci dit, les case présentées donnent envie d’en voir plus : Florent Maudoux semble plutôt doué.

  13. Selthis

    Pour ma part je trouveque cette série est un vrai régal et j’attendais le tome 3 avec impatience.
    Rythme, humour, références cinématographiques variées (« Ni »), personnages aussi attachants qu’étonants… Une série qui va marquer les lecteurs en tout cas.

    Monsieur Maudoux, ça Squeele à fond en tout cas.

  14. Selthis

    Pour ma part je trouveque cette série est un vrai régal et j’attendais le tome 3 avec impatience.
    Rythme, humour, références cinématographiques variées (« Ni »), personnages aussi attachants qu’étonants… Une série qui va marquer les lecteurs en tout cas.

    Monsieur Maudoux, ça Squeele à fond en tout cas.

  15. Selthis

    Pour ma part je trouveque cette série est un vrai régal et j’attendais le tome 3 avec impatience.
    Rythme, humour, références cinématographiques variées (« Ni »), personnages aussi attachants qu’étonants… Une série qui va marquer les lecteurs en tout cas.

    Monsieur Maudoux, ça Squeele à fond en tout cas.

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