From Eggman to Eggman
Comme son nom l’indique, Eggman est un personnage en forme d’oeuf. Mais plutôt que de s’inscrire dans la continuité d’autres personnages ovoïdes assis sur un mur, on le verrait plutôt se balancer sur les branches de l’arbre généalogique de l’Ours Barnabé ou des Monty Python, prendre le Bus de Paul Kirchner ou nager dans l’océan minimaliste d’Un beau voyage de Delphine Panique. Car Eggman, s’il a un nom de super-héros, est avant tout un aventurier de l’impossible et de la sieste philosophique, affrontant tour à tour un pommer espiègle, une feuille blanche récalcitrante, un coin de rue vertigineux ou un coq indomptable. Rien que ça !
Par sa ligne toujours plus épurée, son goût pour les jeux graphiques et les contraintes narratives, et son ton poétique bien à lui, José Parrondo trace un sillon unique dans la bande dessinée. Son nouveau volume d’Eggman le rappelle, dans cette compilation de très courtes saynètes en 4 cases ou plus rarement 8, qui ne se suivent pas mais se font écho. On picore, on se laisse envoûter par le rythme nonchalant des historiettes. Parfois, on croit assister à des gags visuels déjà entrevus dans d’autres BD surréalistes ou absurdes, où le protagoniste joue avec le décor ou la perspective pour s’ouvrir d’autres horizons. Mais peu importe, on rit, on est touché et on reste épaté de la facilité et l’économie de moyens avec laquelle l’auteur construit son petit monde. Si Eggman se multiplie à l’envie dans ces pages, il n’y a bien qu’un seul José Parrondo. Et ses livres n’en sont que plus précieux.
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