Fumée
Un homme tousse. Beaucoup. Et fume. Beaucoup trop. C’est le cancer. Et la mort, au bout. Au seuil des derniers instants, son esprit remonte le temps, jusqu’à l’adolescence et la première cigarette.
Militer contre les dangers du tabac, rien de plus louable. Le faire via une bande dessinée, pourquoi pas. Mais utiliser les procédés narratifs de la fiction pour le faire est on ne peut plus périlleux – l’équilibre entre l’histoire et le message étant extrêmement délicat à trouver. Ce que démontre, à ses dépens, cet ouvrage au titre évocateur, Fumée. Ses points forts sont une narration limpide et un dessin d’une belle délicatesse signé Nina Jacqmin (George Sand, ma vie à Nohant, Les Ruines de Tagab), et ce alors qu’il est intégralement muet. Et finalement, heureusement. Car le message aurait été encore moins fin. En effet, que ressort-il de cette histoire, où l’on suit un ado qui se met à fumer pour paraître cool et séduire une jolie fille de son bahut, et qui prend cette habitude malgré tous les risques qui y sont liés ? Pas grand chose, en vérité. Que fumer tue ? OK, bon, on le sait. Que fumer du cannabis au volant est très dangereux ? Certes. Qu’oublier une clope au bec au lit risque de causer un incendie? Pfff…
Au final, on a l’impression d’assister à un interminable et pénible spot de prévention du ministère de la Santé, qui souligne et surligne les conséquences horribles du tabac, avec force scènes d’hôpital et un enterrement à rallonge, sans jamais évoquer sérieusement les causes psychologiques d’une addiction ni les portes de sortie possibles. On limitera donc le conseil de cet ouvrage aux collégiens, bonne cible sensible au message anti-tabac, mais pas au-delà car cette fable se révèle bien trop moralisatrice pour être efficace.
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