« Gastoon » ou l’idée ratée de faire du Lagaffe sans Lagaffe
Quatorze ans après la mort d’André Franquin, l’un de ses héros emblématiques, Gaston Lagaffe, fait parler de lui à travers sa parentèle. Car Marsu Productions, la maison d’édition détentrice des droits du gaffeur patenté, lance une série baptisée Gastoon et mettant en scène le neveu de Gaston – utilisé ponctuellement par Franquin pour des travaux publicitaires.
Destinées aux enfants, ses aventures montrent un sosie de Lagaffe – en petit format – au milieu de ses copains (des mini-Moiselle Jeanne, Jules-de-chez-Smith-en-face ou Demesmaeker), la plupart du temps en milieu scolaire. Gastoon rencontre des problématiques de gamin – comment échapper au pion de l’école, ou bien jouer tranquillement au ballon dans le parc – et, clin d’oeil à son oncle, se soucie activement du sort de la planète (il comptabilise des oiseaux pour une association, plante des arbres ou ramasse des papiers gras dans la forêt). Doté d’un trait habile, l’album se révèle assez inoffensif. Et use d’un humour souvent vieillot et plat, curieusement peu en phase avec des bambins censés évoluer dans les années 2000. Voilà qui risque de fortement décevoir les adultes qui se pencheront sur ses pages, espérant retrouver un peu de l’esprit piquant et anar de Gaston Lagaffe.
« Je me suis posé beaucoup de questions avant d’accepter de réaliser Gastoon, avoue le dessinateur Simon Léturgie. J’ai essayé de le faire en étant aussi honnête que possible, sans effectuer un travail de copiste ou de singe savant : j’ai tenté de restituer l’esprit du journal Spirou dans les années 60. En entendant parler du projet, beaucoup de gens ont eu des a priori. Je les comprends, et j’attends désormais les réactions a posteriori. »
Yann, co-scénariste de Gastoon avec Jean Léturgie, se montre aussi philosophe, en reconnaissant que ce premier tome s’apparente à « un galop d’essai et se cherche un peu ». Il détaille la genèse de cette nouvelle série (dont il s’est engagé à écrire trois volumes) : « L’idée date des années 70, alors que je travaillais sur Le Marsupilami avec Franquin. A l’époque, il était en panne d’inspiration sur Gaston Lagaffe, et demandait régulièrement des gags aux scénaristes de sa connaissance. Comme j’aimais le petit personnage du neveu de Gaston, inventé pour la publicité, je lui avais proposé de l’utiliser. C’était une manière de faire du Lagaffe sans Lagaffe, avec un héros plus moderne. Mais Franquin éludait, je pense qu’il avait envie de le développer lui-même. Après sa mort, j’ai évoqué plusieurs fois cette possibilité auprès de Marsu Productions. Il a fallu ensuite trouver un dessinateur soutenant la comparaison avec Franquin et prêt à affronter son oeuvre, ce qui a pris du temps. Personnellement, j’ai éprouvé un plaisir de gosse à faire revivre ce personnage que j’ai adoré, et j’ai le sentiment d’avoir bien compris ce que Franquin aurait aimé en faire. »
Les fidèles de Gaston déçus par son neveu n’ont en tout cas pas à s’inquiéter du sort du vrai Lagaffe. Car, selon Simon Léturgie, Jean-François Moyersoen, fondateur de Marsu Productions, aurait promis à Franquin que l’hilarant gaffeur ne serait jamais repris.
Laurence Le Saux
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Gastoon #1
Par Simon Léturgie, Yann Lepennetier et Jean Léturgie.
Marsu Productions, 10,45€, le 26 août 2011.
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Images © Marsu Productions.
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Mouééé j’pense pas que je n’achèterai ni ne lirai ce truc…
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Mouééé j’pense pas que je n’achèterai ni ne lirai ce truc…
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Personne ne vous y oblige, mon cher Bruce (ou John!!). Vous pouvez quand même le feuilleter chez un libraire, quelques gags sont plutôt sympa. Je prefere encore ça aux albums de blondes, par exemple.
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Personne ne vous y oblige, mon cher Bruce (ou John!!). Vous pouvez quand même le feuilleter chez un libraire, quelques gags sont plutôt sympa. Je prefere encore ça aux albums de blondes, par exemple.
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