Gauguin, l’autre monde
En 1891, Paul Gauguin part à Tahiti pour « aimer, chanter et mourir », en oubliant ses problèmes financiers. L’artiste est alors en échec, toujours passionné par la peinture et l’expérimentation, mais sans le sou, lâché par sa femme, dénigré par Monet et Renoir (qui jugent sa production « franchement mauvaise »). Lui qui préfère « voir le ciel rouge plutôt que bleu » — selon August Strindberg, qui préface son catalogue — ne parvient pas à intéresser le grand public, qui amène, pour les amuser, les enfants voir ses expositions « colorées »…
Gauguin, l’autre monde n’est pas une biographie linéaire du peintre. Si, à l’aide d’un flash-back, il revient rapidement sur son enfance, ses débuts et ses mésaventures professionnelles, l’album se concentre sur sa période tahitienne, et donc les dernières années de sa vie. Gauguin rêve alors de devenir « un sauvage », vit dans une cabane, trouve une « Eve exotique », la jeune Teura qui emménage avec lui. Le manque d’argent, l’addiction à la morphine et l’alcool le mènent à une déchéance physique et mentale. Malgré quelques courtes longueurs (les dialogues entre le peintre, au seuil de la mort, et une divinité îlienne), le livre séduit : c’est qu’il est servi par les beaux tableaux de l’Italien Fabrizio Dori, qui s’en donne à coeur joie dans le style Gauguin. Les couleurs, les lumières emportent, créant une atmosphère à la fois languissante et apaisante.
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