Gekiga Fanatics
Sur la genèse du gekiga, on a déjà pu découvrir Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi. Cette fois, c’est le point de vue de Masahiko Matsumoto (La Fille du bureau de tabac) que propose Le Lézard Noir. Dessiné entre 1979 et 1984, Gekiga Fanatics met en lumière le trio formé par Saitô (Golgo 13), Tatsumi et Matsumoto, dans la quête d’une bande dessinée dramatique, très inspirée par le cinéma et symbolisée par la revue policière Kage. Détail important, le récit se déroule avant la naissance du genre gekiga (forme de bd pour lecteurs adultes fondée en opposition à la production manga du moment) en lui-même: l’essentiel prend place à Ôsaka, au milieu des années 1950, alors que les trois larrons sont aussi novices que fauchés.
Et l’auteur s’en amuse: « Voici la véritable histoire des crétins d‘Ôsaka, qui ne se souciaient pas de leurs conditions de vie. » Car au-delà de sa portée documentaire, Gekiga Fanatics est une comédie de mœurs qui se déguste avec le sourire. Impossible de résister à ce Takao Saitô, ressort comique adepte de boissons et de quartiers chauds… qu’on verra escalader le pénis d’une baleine – on vous laisse découvrir le contexte! D’ailleurs, avec sa narration elliptique et un peu abrupte, le recueil s’apparente davantage à un collage de saynètes, ou à un journal de bord, qu’à un récit plus régulier. On passe parfois du coq à l’âne (du poulpe à la baleine), du détail à l’essentiel, avec l’histoire du manga comme fil rouge.
Certes, le contexte séduira le petit historien qui sommeille en nous. Et, bien entendu, les dessous de la création passionneront l’esthète du phylactère d’antan. Mais il faut rester conscient que de nombreux éléments ont été romancés. Au lecteur, dès lors, de croiser Gekiga Fanatics avec Une vie dans les marges, pour démêler l’authentique de l’imaginaire…
Gekiga Baka tachi © Tomohiko Matsumoto 2013 © Le Lézard Noir pour l’édition française – Tous droits réservés
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