Par Philippe Valette. Delcourt/Tapas, 29,95 €, le 17 avril 2013.

Avec son costume rouge et ses ailettes jaunes sur les tempes, Georges a tous les attributs d’un super-héros. Même des super-pouvoirs, c’est dingue. Mais il est surtout mal dans sa peau, arrogant par défaut, obsédé par les filles sans se l’avouer, maladroit et franchement pas très malin. Sans compter ses problèmes digestifs intempestifs. Il n’empêche, la ville compte sur lui pour mettre de vilaines mandales aux méchants, et il ne va pas se gêner pour le faire !

Tiré d’un blog, ce pavé donne dans l’humour débile (façon Les Nuls) comme rarement en BD. Scatologie, vannes pourries, baffes en rafales, misogynie et homophobie gratuites, comique de répétition, bonne dose d’absurde… Philippe Valette déploie des trésors d’inventivité pour rendre drôle ce qui ne l’est pas, c’est-à-dire une intrigue idiote de super-loser aux prises avec ses instincts et des faire-valoir encore plus bêtes que lui. En ajoutant sa marque de fabrique (un peu lourdingue): des fautes d’orthographes au kilo. Mais si on reste pantois aux premières pages, peu à peu un sourire ridicule apparaît aux lèvres et se transforme parfois en ricanement benêt. Car ce sont sa longueur et son systématisme (2 cases par page, pendant 350 pages…) qui font la réussite du projet. L’accumulation de délires parodiques – pari risqué – fonctionne à plein, car l’imagination de Valette semble sans borne: on passe de la serveuse de McDo affublée d’un frère handicapé et d’une tortue ninja comme petit copain, à un duel sur un ring de l’enfer, en passant par des policiers transformés en saucisses-cocktail. Le dessin griffonné aux feutres répond bien au parti-pris scénaristique, en renvoyant inévitablement à l’enfance. À un âge bête, mais délicieux.

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