Gianna
En 1970, Gianna est une jeune Italienne qui n’a pas la langue dans sa poche. Éprise de liberté, elle participe aux manifestations étudiantes à Bologne. Mais dans une Italie post-fasciste, les normes sociétales sont fermes et aucun écart n’est permis. Traumatisée par la perte de sa sœur, la jeune femme se réfugie dans sa libido déchaînée. Une différence rejetée par ses proches et qui la mènera à sa perte.
Articulé autour du caractère « déviant » de Gianna et de ses traumatismes, ce roman graphique met en avant les luttes sociales marquantes du XXe siècle. Pour ce faire, le récit est entrecoupé de flashbacks aux couleurs chatoyantes, tandis que le présent est symbolisé par des tons plus froids. L’association des traits aux crayons de couleurs, et, les aplats en aquarelle, permet de faire ressortir toute la violence autant physique que psychique que subit l’héroïne. De plus, l’autrice n’hésite pas à représenter des scènes d’agressions et de sexe afin de mettre en exergue le poids écrasant de la famille et de l’honneur. Pour appuyer son propos, l’autrice utilise des extraits de chansons populaires italiennes, dont une éponyme Gianna de Rino Gaetano.
À l’instar de la bande dessinée Nellie Bly, Dans l’ombre de la folie, l’asile psychiatrique est aussi dénoncé. Tenant de la morale, l’institution condamne le désir féminin et le relègue au niveau de la maladie mentale, soignée avec barbarie par les médecins. Cette bande dessinée relance le débat sur la nymphomanie, trop souvent utilisée comme moyen de discrimination, de pression et de contrôle sur le corps de la femme. Et si au fond, Gianna n’était pas différente des autres mais juste une femme de plus broyée par la société patriarcale?
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