Girls’ last tour #1-4
Chito et Yûri sont deux filles dont on ne connaît rien. À bord de leur char, elles traversent un monde qui ne se dévoile pas beaucoup plus qu’elles-mêmes. On le découvre en même temps qu’elles. Inerte. Il ne semble pas abriter la moindre vie et n’être que le résidu d’une civilisation évoluée qui a périclité. Au cours de leur route, on l’arpentera avec elles, mi-ébloui mi-rêveur, parmi des ruines de ce qui semble être celles de notre humanité.
On connaît tous mille histoires post-apocalyptiques. Elles sont souvent rudes, sombres et violentes. Elles mêlent survie, confrontation brutale à l’autre et à son environnement. Tsukumizu le sait et nous prend à revers. Détournant les attentes à l’extrême, il fait vagabonder ses deux héroïnes ingénues, nonchalantes et involontairement drôles. Aucune menace ne semble planer sur leur existence, si ce n’est le temps qui file. Elles doivent survivre, mais trouvent toujours de quoi se sustenter sans peine. Parcourant ce monde totalement dévasté qui rappelle les grandes étendues labyrinthiques ou laiteuses de Tsutomu Nihei (Blame !, Aposimz…) sous un charadesign candide à la manière de Kazuyoshi Takeda (Peleliu – Guernica of Paradise, Mon cancer couillon…), ces deux filles détonnent. Elles se placent malgré elles en témoins d’un monde disparu, du comportement humain, de l’absurdité de la guerre et de la vacuité de la vie.
Girls’ last tour est une lecture troublante arborant un décor hypnotique et apaisant. Un roadtrip à la poésie psalmodique et subjuguante. Une errance au cœur de laquelle on aime se laisser porter. Par la légèreté, l’esprit, le mystère et le sous-texte.
© TSUKUMIZU 2014 / SHINCHOSHA PUBLISHING CO. / Traduction : Florent Gorges
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