Gloria
Gloria est une jeune assistante sociale dans un centre d’accueil. Elle s’occupe des enfants. Ceux que les parents négligent, abusent et/ou que la société ne soutient pas. Elle aime plus que tout son travail et s’y investit complètement, même si les moments de joie sont plus rares que les souffrances qu’elle doit apaiser.
Il y a des bandes dessinées que l’on aurait aimé apprécier davantage, qu’on aurait voulu défendre coûte que coûte pour le message qu’elles portent, pour ce qu’elles dénoncent, ce qu’elles arrivent à décrire particulièrement précisément… mais dont la manière avec laquelle le sujet est amené ne convainc pas suffisamment pour en faire totalement abstraction. Gloria d’Almudena Pano souffre de ce symptôme. Si le fond du récit, irréprochable, contraste intelligemment avec le dessin faussement enfantin aux lignes épaisses et coloré de grands aplats de couleurs pastel réconfortants, la forme narrative qu’elle prend ne permet pas de mettre le propos en valeur. Au contraire, l’autrice nous perd régulièrement. Dans les situations, dans les personnages, ou dans les transitions souvent peu claires. De surcroît, l’ouvrage développe un premier cas concret qui n’entre pas en résonnance avec le reste du récit. Enfin, les moments de vie personnelle de l’héroïne ne trouvent pas tous sens et le ton parfois un trop catégorique dessert l’intention.
Il y a pourtant bien des choses à retenir de cette bande dessinée qui nous fait passer de l’incompréhension à l’émotion au détour d’une page. L’autrice dénonce ouvertement des dérives sociétales, décrit avec précision l’inceste et ses mécanismes, le silence qui en découle généralement, les perceptions de la victime et de l’agresseur. Elle met aussi en évidence le peu de moyens donnés aux travailleurs sociaux, les vies brisées, la vision biaisée des proches et le déni de certains… Cependant ces passages s’éclipsent en quelques instants sans que cela semble avoir d’impact sur la suite ou servir le fil rouge ténu de ce portrait de travailleuse sociale.
En parcourant la postface, on a la confirmation que ces histoires sont inspirées de vraies personnes, d’authentiques drames humains et de la propre expérience de l’autrice. Elle y expose son cheminement et la portée qu’elle souhaitait que son œuvre puisse avoir. L’exécution n’en reste pas moins maladroite, l’autrice n’ayant certainement pas voulu trop modifier ces témoignages réels, alors qu’il aurait fallu s’en détacher pour les transcender, les lier les uns aux autres et construire une cohérence globale. Quoi qu’il en soit, le sujet est trop important, trop tabou, pour qu’on ne mette pas en avant cette bande dessinée et qu’on ne laisse pas tout un chacun la possibilité de se pencher dessus en connaissance de cause.
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