Goscinny : une expo historique au MahJ
Sur ses photos d’enfant, ses yeux écarquillés et déjà malicieux interpellent. Né en 1926, René Goscinny est mort il y a quarante ans. Deux expositions lui rendent hommage à Paris (au sein d’une rentrée commémorative chargée), l’une à la Cinémathèque (sur laquelle nous reviendrons), l’autre au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme. Cette dernière retrace sa carrière de scénariste pour la bande dessinée, et s’attarde particulièrement sur l’histoire tragique de sa famille.
Le parcours s’ouvre sur la machine à écrire de l’artiste, rappelant très prosaïquement son activité de jongleur de mots. Place ensuite à un arbre généalogique et à un récit familial très détaillé : des origines de sa mère, Anna Beresniak – dont la famille d’imprimeurs, originaire de la région de Kiev, s’installe à Paris en 1905 –, à celles de son père, Stanislas Goscinny, né à Varsovie.
En 1927, ce dernier, ingénieur chimiste, est envoyé par son employeur à Buenos Aires. Le jeune René lit les revues locales, dessine sur les bancs du collège français, participe au journal de l’école s’essaye à la caricature. Tandis qu’une partie de sa famille, restée en Europe, est persécutée et/ou assassinée par les nazis. Le décès de son père en 1943 le pousse à travailler, d’abord comme comptable, puis dessinateur publicitaire. Il s’installe ensuite à New-York, rêvant de cinéma d’animation, mais officiant comme illustrateur de livres.
Influencé par Harvey Kurtzman (le créateur du magazine Mad), il s’essaie à la bande dessinée, rencontre Jijé – installé dans le Connecticut – ou Morris.
Revenu à Paris en 1951, il publie quelque temps plus tard Capitaine Bibobu et Dick Dicks, entièrement réalisés par ses soins, avant de devenir scénariste et rédacteur en chef de Pilote. Des planches originales d’Astérix évidemment, mais aussi de Lucky Luke ou Iznogoud, ainsi que des dessins du Petit Nicolas (signés avec, respectivement, Uderzo, Morris, Tabary et Sempé) émaillent l’exposition, mettant en lumière sa virtuosité narrative, son habileté lexicale (ah, le « il ne faut pas parler sèchement à un Numide »...) et son humour décapant. Qui retracent une vie chahutée par l’Histoire, et une carrière brillante, qui marqua fortement la bande dessinée.
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Exposition René Goscinny, au-delà du rire
Jusqu’au 4 mars 2018 au MahJ (Musée d’art et d’histoire du Judaïsme), Hôtel de Saint-Aignan, 71, rue du Temple, 75003 Paris.
Mardi, jeudi et vendredi de 11h à 18h, mercredi de 11h à 21h, samedi et dimanche de 10h à 19h. Tél. : 01 53 01 86 65.
Tarifs : de 5 à 8€.
Photos © BoDoï
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