Stanislas Rétif travaille chez un chausseur pour dames, et cela l’emplit de bonheur. Car Stanislas adore – au sens de vénération – les pieds des femmes et sait comme nul autre leur trouver le bon escarpin ou la bottine idéale pour les magnifier. Mais Stanislas est de petite taille, timide et trop discret : il peine donc à s’imposer et à faire valoir sa personnalité et ses talents. Et ça ne va pas s’arranger le jour où, par magie, il devient aussi minuscule qu’une souris. À moins que cela ne lui offre de nouvelles perspectives…

On attendait beaucoup du nouvel album de Zanzim, après l’incroyable succès de Peau d’homme. Or, son scénariste Hubert n’est plus, et la comparaison avec le précédent album doit donc s’arrêter là. Le dessinateur, ici auteur complet, imagine une comédie fantastique légère aux allures de conte, dont la morale tournerait autour des apparences trompeuses et de l’importance des choix qu’on fait en fonction de ses capacités. Il la narre dans un style volontairement suranné, dans une ambiance sixties à la Baisers volés de François Truffaut, avec une touche légèrement érotique en plus. Hélas, malgré un trait délicieusement délié et un rythme impeccable, l’histoire ne décolle jamais vraiment, enfonce les portes ouvertes et enchaîne les petites péripéties anecdotiques sans conséquence. Surtout, l’album ne dit pas grand-chose, à part le fait que la grandeur d’un humain ne se mesure pas à sa taille mais à ses choix, ce qui n’est pas vraiment une révélation. Il manque de conflit, de paradoxe, d’ambigüité, de danger, de vertige, et se complaît trop facilement dans une peinture caricaturale de femmes frivoles et l’ébauche d’une romance manquée. Ni petite surprise, ni grande déception, Grand Petit Homme reste donc bien trop moyen.

Grand Petit Homme