Green Valley
À Hollywood, Max Landis fut un temps un des principaux espoirs de l’industrie. La carrière du scénariste de Chronicle a depuis connu quelques ratés. Sa tentative de greffer le bestiaire du Seigneur des anneaux (orcs et elfes) dans un Los Angeles ultra-contemporain pour le polar Bright de David Ayer sur Netflix n’a pas vraiment pris. Sa série fantastico-loufoque Dirk Gently n’a pas eu le succès escompté, malgré quelques jolies idées. Et le constat est un peu le même côté comics où, en 2016, l’auteur s’essayait déjà à faire sortir la fantasy de ses frontières naturelles dans Green Valley, pour un résultat mitigé. L’occasion nous est donnée d’en juger par nous-mêmes avec la publication en français de cette mini-série chez Delcourt, sous la forme d’une épaisse intégrale.
Tout commence comme un récit de chevalerie typique avec quatre guerriers en armure appelés à la rescousse pour délivrer des villageois d’un vil mage. Du grand classique. Sauf que, comme le laisse deviner le glitch informatique qui rompt volontairement l’harmonie de la couverture, l’aventure fera en cours de route une embardée en direction de la science-fiction. Sans trop en dire, il sera question de voyage dans le temps. Pas si classique, donc. Mais pas non plus de quoi tomber à la renverse, soufflé par ce qui se déploie au fil des pages. Dans l’avant-propos relégué en fin de volume par Delcourt, Landis nous assure que vraiment on n’a jamais lu ça et qu’on ne va pas en revenir. Il exagère. Clairement.
Suffisamment soignée dans son exécution, Green Valley demeure une lecture distrayante. Les héros, âmes en peine en quête de rédemption à la mâchoire bien carrée, sont plutôt bien esquissés et leur adversaire ne manque pas de ressources. Il y a du rythme, de l’action, le dessinateur italien Guiseppe Camuncoli fait le boulot… On sent parfois que le script donné à son collaborateur par Landis était un peu abrupt et qu’il a fallu faire entrer beaucoup de choses dans une seule page d’où certaines ellipses mal maîtrisées. Mais on parle ici de détails et la seule chose qui manque vraiment à cette affaire pour décoller, c’est un peu de piquant.
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Tout est dit : bonne BD, mais pas à tomber par terre non plus. Il manque ce petit piquant qui ferait de l’ouvrage un « must-have ». Car tout est bien maitrisé : scénario, dessin, narration…
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