Habibi ****
Par Craig Thompson, 24,95€, le 26 octobre 2011.
C’est un conte universel, un livre-monde troublant et profond. Vendue à un scribe alors qu’elle est encore une enfant, Dodola, fille d’analphabète, apprend à manier le verbe et la plume.
Son mari assassiné, elle se retrouve prisonnière puis s’échappe, emmenant dans sa fuite un garçonnet, Zam. D’abord seuls, isolés du reste du monde pour survivre, tous deux vont s’épauler – Dodola racontant de nombreuses histoires à Zam, à la façon d’une Shéhérazade sortie des Mille et une nuits. Séparés, ils vivront des aventures terribles dans un monde exotique et anxiogène, qui finira par terriblement ressembler au nôtre…
Riche, bouillonnant, exténuant et stimulant. Ainsi est le voyage que propose Craig Thompson par le biais d’Habibi. L’auteur de Blankets construit un conte extraordinaire, mélangeant de tragiques destinées individuelles à un univers hostile, constamment mouvant. Résistants et résilients, ses héros abdiquent puis se révoltent, tiennent bon, progressent au fil d’une dramaturgie solide qui déconstruit le temps.
Sept ans durant, l’artiste a dessiné ses 660 pages ( ! ) à l’encre de Chine. Réalisant un morceau de bravoure graphique, avec des scènes d’action d’une énergie folle, des séquences d’émotion pure, d’autres plus contemplatives. Jouant avec les symboles et les ornements, donnant à l’ensemble une tonalité orientale et religieuse. Parvenant, in fine, à happer entièrement son lecteur, prisonnier par les rebondissements rocambolesques d’Habibi aussi sûrement qu’un moustique dans une toile d’araignée.
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