Happy Fucking Birthday
Toujours aussi pathétiques et inadaptés, Megg, Mogg et Owl errent aux portes du désespoir. Et poursuivent leurs expériences autodestructrices, aux côtés de Werewolf Jones et Booger. Le regard souvent dans le vague, ils saccagent un festival BD ou l’anniversaire d’Owl à coups de pisse, de vomi et d’insultes, avant une petite virée à la piscine municipale, lieu de toutes les perversions. Werewolf, lui, s’interroge sur ses cas sociaux d’enfants, Diesel et Jaxon : « J’aime mes garçons, bien sûr, mais à la fois… j’en ai rien à cirer »… Et reste positif avec ses chapeaux de feutre, son église satanique et son nouveau tube rap, Nique ton sac à main.
Megg, Mogg et Owl quatrième du nom est déjà là ! L’excitation de s’y replonger sera-t-elle déçue ? Eh bien non, absolument pas. L’émotion est plus que jamais intacte car le charme destructeur de Megg, Mogg et Owl continue d’opérer. Pourtant défonce, drogue et alcool sont toujours au programme, un menu bercé par le gangsta rap de Werewolf Jones, prince Priape en string au milieu d’une piscine. Mais s’il est impossible de décrocher, comme un vrai camé, c’est parce que la série va bien plus loin que ne le laisse croire son graphisme à l’apparence enfantine. Simon Hanselmann parle en fait de solitude, de dégoût de soi et d’inadaptation au réel avec les moyens du bord, un humour trash et de splendides aquarelles pop nourries d’amertume, de plus en plus expressives au fil des albums. À l’image de Werewolf Jones, déglingué en mode existentialiste : « Vous aussi vous avez tous les jours la sensation que vous allez mourir ? Que vous baissez les bras ? ». Et Megg de rétorquer : « Tous les jours, ouais, c’est comme des phases d’anéantissement, y’a rien à faire. »
Hanselmann se fait chantre de l’intime et pose ses personnages comme les avatars de ce mal-être auquel on n’échappe pas. Et si le trio brille par ses échecs (pauvre Owl !), impossible toutefois d’oublier le charismatique Werewolf Jones, sans limite, et la mystérieuse Booger, d’une discrétion paranoïaque. Des amis jamais dupes de leur désespoir. On rit comme jamais, on pleure comme rarement et on garde en tête deux trois scènes d’anthologie… À chacun ensuite de méditer lors de ces pauses pleine page, instants suspendus de pure beauté, stases de tous les possibles. Plus qu’un banal exutoire, une farce à la Jackass ou un Simpsons chez les junkies, cette série assez indéfinissable confine au chef-d’œuvre. Une série d’ailleurs qu’on voudrait ne jamais voir finir.
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