Hawkwood #1-2
On dit souvent que l’Histoire, celle avec un grand H, est bien mieux racontée par les premiers concernés – à savoir les historiens et auteurs natifs du pays d’origine d’un récit. Pourtant, il n’est pas rare de voir des auteurs étrangers raconter sous un angle novateur, et tout aussi historiquement juste, des épopées issues de cultures d’autres pays. On peut citer le genre péplum qui a eu ses heures de gloire à travers le cinéma américain, et les grands westerns produits par l’Italie qui sont devenus des classiques depuis.
Qu’en est-il alors de l’Histoire de France… vue par le Japon ? Il y a deux écoles : la fantaisiste, donnant une imagerie d’Épinal et presque fantastique de certains mythes gaulois, et la rigoureuse, celle où le moindre reflet d’armure, la moindre plume de chapeau sont reconstitués avec minutie. Hawkwood fait partie de cette seconde catégorie.
Narrant les aventures d’un mercenaire durant la Guerre de Cent ans, le manga de Tommy Ohtsuka est un petit bijou de précision historique et de souffle épique. Hawkwood est un salaud, ayant réellement existé, qui se vend au premier venu pourvu qu’il puisse assurer sa subsistance et celle de sa compagnie. Et dans ce monde où chacun complote contre son prochain pour survivre aux assauts de l’armée anglaise, pas question de sentimentalisme, et encore moins de patriotisme ! On admire alors l’habilité des tactiques de ce mercenaire aussi rusé qu’un renard, tant sur le champ de bataille que sur le plan politique.
Si le récit est solide et la documentation clairement au niveau, le dessin de Tommy Ohtsuka accuse quelques expérimentations graphiques plus ou moins adroite, dans un volume 1 pourtant mené tambour battant. Il se pose enfin dans un style semi-réaliste plutôt académique, mais terriblement efficace dans sa mise en scène. Que ce soit au niveau du suspense lors des phases de négociations politiques, ou au niveau des scènes de batailles parfaitement lisibles et dantesques, le travail de notre auteur est remarquable !
C’est un nouveau pas que franchit ainsi l’éditeur Doki Doki avec l’ajout à son catalogue d’un manga « historique », alors qu’il était plutôt habitué aux titres fantastiques ou aux tranches de vie. Pour un premier essai dans le genre, Doki Doki frappe juste et fort !
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