Suite à la troisième guerre mondiale, l’espèce humaine est éradiquée de la surface de la Terre. Enfin presque. 200 ans après, il reste Roue, une fillette d’une dizaine d’années bel et bien humaine. Depuis sa mystérieuse découverte par un groupe d’individus, celle-ci vit avec un robot nommé Zett. Lors d’une de leurs nombreuses balades, Zett est mis en pièces par un « insane », un robot détraqué qui a perdu ses fonctions premières. Roue part dès lors avec Chrome, une machine encore vierge de toute programmation, pour tenter de redonner vie à celui qui l’a élevée.

Après l’enthousiasmant Black Torch, Tsuyoshi Takaki revient avec une série à ranger à côté d’une autre nouveauté de l’éditeur : Tsugumi Project. À l’image de ce manga, Heart Gear est en premier lieu une sacrée claque graphique. Le mangaka utilise un jeu de lignes, de dégradés, d’éclairages et de noir complexe. D’une grande vigueur, ses planches très travaillées abondent de trames. Cette omniprésence tient un rôle majeur et complète les traits multiples des dessins aux allures de crayonnés poussés. Ces trames ne servent pas qu’à faire du remplissage, comme c’est bien trop souvent le cas, mais donnent au graphisme un relief rarement observé.

Par la suite, on se laisse prendre par le scénario. Dans ce monde post-apocalyptique dans lequel les robots ont remplacé l’espèce humaine, c’est carrément la vie animale dans son ensemble qui semble avoir disparue. Les machines ont maintenant une conscience et sont plus proches que jamais de l’être humain. L’histoire prend le temps de se mettre en place, mais se révèle bien pensée, pleine de potentiel et d’inconnues.

Notez que ce premier tome prometteur est aussi proposé dans une édition collector vendue avec un one-shot de 50 pages à la couverture cartonnée : Freaks. Les amateurs ne devraient pas bouder leur plaisir, ce récit rythmé et violent au graphisme léché est dans la pure veine de ce que l’on connaît de l’auteur.

HEART GEAR © 2019 by Tsuyoshi Takaki / SHUEISHA Inc. – Traduction : Sébastien Ludmann