Heartbeat
Être une lycéenne aujourd’hui, tu sais, c’est pas si facile. Surtout si on est élevée par une mère célibataire, qui peine à joindre les deux bouts. C’est le cas d’Eva, brune longiligne à l’uniforme usé et souffre-douleur des bimbos dont son établissement huppé. Régulièrement humiliée voire violentée, elle tente de faire face avec dignité, tout en se laissant happer par des pensées morbides. Quand elle surprend le beau gosse du lycée en train de sucer le sang d’une amie, retrouvée morte peu après, elle se prend à rêver d’un autre destin.
Fausse histoire de vampirisme, Heartbeat est une bluette adolescente glauque, sous influence manga. Cadrages serrés irrespirables, obsessions graphiques maniérées, seconds rôles un brin caricaturaux, ce one-shot espagnol tente de synthétiser l’esprit des séries japonaises du même registre, sans jamais parvenir à en égaler l’ambition ni la profondeur, ni bien entendu l’originalité. Le personnage de l’héroïne est toutefois intéressant et sa relation ambiguë avec le « méchant » laisse entrevoir des promesses. Promesses largement déçues par un scénario bancal, qui hésite trop entre chronique lycéenne, polar sordide et tentation vampirique. Et le dessin, plutôt léché au premier regard, souffre au final de trop grandes répétitions de motifs, d’un découpage en cases étroites panoramiques pas toujours pertinent, et d’une certaine complaisance dans la représentation des corps des jeunes gens. Le trouble laissé par cette lecture ne vient pas que de son sujet, il vient aussi de son traitement mal maîtrisé.
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