Hedge Fund, un nouvel erzast de Largo Winch ? Pas vraiment car Franck Carvale, le beau gosse à la tête de cette nouvelle série, est un véritable anti-héros : un magouilleur poursuivi par la justice française, un égoïste sans talent expatrié à Hong Kong pour tenter de faire fortune. Malgré ce CV peu reluisant, un grand financier retors lui propose de devenir trader, en commençant par jouer en bourse la coquette somme d’un million de dollars. Franck Carvale va-t-il saisir cette chance et faire fructifier cette manne ? Ses coups de poker seront-ils payants ? Quelles sont les véritables intentions de son trop généreux mentor ?

Comme le héros, on reste fasciné par ce grand casino qu’est la bourse, et on tente à notre tour de comprendre ces marchés qui gouvernent nos vies. Car c’est une des forces de Hedge Fund : parvenir à expliquer avec humour le quotidien d’un trader ou raconter en une métaphore comment spéculer à la baisse. Pour réussir cette tâche, Tristan Roulot (Le Testament du Capitaine Crown) s’est associé à Philippe Sabbah, qui a passé dix ans dans les salles des marchés de Madrid, Paris et Hong Kong. Le dessin classique mais parfois inégal de Patrick Hénaff dépeint très bien cet univers sans émotion, fait de chiffres, de bénéfices et de pertes.

Loin de la démesure du film Le Loup de Wall Street (de Martin Scorsese), cette série joue plutôt sur les contrastes : le plaisir d’une bonne intrigue lié à une description tranchante du réel. Malgré quelques ressorts caricaturaux (comme les rares personnages féminins), on est pris par le suspense. Et l’on s’attacherait presque à ce grand brun sexy et ses défauts très humains.