Heidi au printemps
La blogueuse Marie Spénale s’empare du personnage de Heidi, créé en Suisse par Johanna Spryi, en 1880, pour imaginer quel serait son quotidien de jeune fille en fleur, au milieu des pâturages, loin des jeunes gens, et surtout des garçons, de son âge. L’ennui des mornes journées d’hiver, le manque de conversation de son grand-père, la crainte quasi paranoïaque de ne jamais pouvoir s’extirper de cet endroit, la lecture envoûtante et frustrante des lettres de son amie Clara, midinette de Francfort… Pas facile, la vie dans les montagnes suisses quand on devient une jeune femme !
L’idée était séduisante : décrire la découverte de la sexualité d’un personnage iconique de la littérature enfantine, tordre l’archétype de cette gentillette montagnarde pour la faire devenir femme, avec émotions et désirs, frustrations et espoirs. Le gros sticker sur la couverture, « Contenu explicite – Réservé à un public averti », sans doute destiné aux (grands-)parents pensant qu’il pourraient acheter cette BD à la (trop) petite dernière, renforce l’intérêt des lecteurs adultes. Hélas, après une première partie posant les bases du projet, le récit se déroule sans véritablement jamais décoller. Bien sûr, la première scène de sexe entre Heidi et un jeune berger surprend par sa soudaineté et le fier phallus brandi. Mais les scènes de dépression d’Heidi, imaginant son grand-père en ours possessif, sont lourdement écrites et le dessin trop léger de Marie Spénale ne colle pas à son sujet. Dès lors, le propos – l’envie d’aller voir ailleurs d’une jeune fille frustrée – paraît bien superficiel et déjà vu, et le parti-pris « subversif » de montrer les étreintes frontalement semble finalement gratuit et d’un intérêt tout relatif. Une vraie déception.
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