Ado rêveuse et mélancolique, Hématite ne colle pas avec ce que désirent ses parents pour elle. Car chez les vampires, aristocrates parmi les créatures fantastiques, on vise haut, très haut. Hématite, elle, préfère écrire des poèmes sur son amour secret – un humain – et manger des légumes plutôt que de la viande saignante… À ce conflit parental s’ajoute quelques tensions avec ses camarades, qui pensent qu’elle les dédaigne en raison de son statut. Pas facile de trouver sa place dans ce monde sombre et inquiétant, mais Hématite, aidée de ses amis, va prendre tous les risques pour faire ce qui est juste et accomplir ce qu’elle désire. Cependant, c’était sans compter sur ses terribles pouvoirs qu’elle ne maîtrise pas encore…

Intrigant et surprenant, ce début de série signé du couple argentin Maderna/Piatti s’appuie sur un schéma classique de récit d’apprentissage adolescent, mais le magnifie grâce à un décor fascinant et des choix scénaristiques forts. On ne va rien dévoiler qui gâcherait la lecture, mais le parcours de la jeune vampire sera semé d’embûches et de tourments, qui saisiront les lecteurs qui se seront attachés à elle. Ce qui n’est d’ailleurs pas si évident, car le personnage est complexe, tiraillé entre ses parents autoritaires, ses amis pas toujours commodes, son goût pour la solitude et ses aspirations romantiques… Mais page après page, les auteurs composent un univers plus riche et plus inquiétant qu’il n’en avait l’air au départ, au-delà du classique décorum vampirique.  Hématite et ses compères vont donc grandir au fil d’une quête funèbre et périlleuse, révélée sur la fin de ce premier tome et bien amenée par la longue première partie, nécessaire à l’immersion. Avec son trait léché aux accents gothiques, bien souligné de trames, hachures, grattage et d’aplats noirs bien sentis, ainsi que d’une gamme de couleurs soignée, Hématite s’impose comme une excellente surprise, dans un registre risqué de conte initiatique aux accents horrifiques. Bravo.