Hillbilly #1
Sa silhouette, gigantesque sous son haut chapeau et sa peau de bête, est terrifiante. Son visage, sous sa barbe tressée, est funèbre, surtout quand il dévoile ses yeux, qui ne sont que deux abîmes noirs comme la nuit. Roven est un vagabond des montagnes armé d’un énorme hachoir, l’authentique couperet du diable. Son obsession: débusquer et éliminer les sorcières.
Décidément, depuis la fin de The Goon, Eric Powell ne végète pas. Après l’attachant Chimichanga et le déstabilisant Big Man Plans, le voici qu’il se lance dans une trilogie de fantaisie noire, qu’il auto-édite aux États-Unis sur son label Albatross. C’est en réalité un feuilleton à la construction intelligente, avec ces chapitres quasi indépendants, mettant en scène le « hillbilly » à chaque fois dans une nouvelle enquête ou une nouvelle traque face à une nouvelle sorcière. À la manière d’un manga, un peu, on voit l’univers se développer par petites touches, tout en préservant le rythme de l’aventure. Eric Powell construit un monde passionnant, entre western fantastique et fable gothique, non dénué d’humour distancié ou de références aux contes pour enfants, mais souvent glauque à souhait. Avec son trait au crayon magnifiquement souligné par les ombres et les teintes, il propose un cartoon sombre du plus bel effet, extrêmement lisible et reconnaissable entre mille, pour une série qui se fait immédiatement attachante. La patte des grands artistes, non ?
Publiez un commentaire