Hip hop Family Tree #1
Une gageure. Ed Piskor, auteur de Wizzywig sur les hackers, s’est lancé dans une histoire du mouvement hip hop en bande dessinée. Rien que ça. Car comment narrer l’explosion culturelle que fut celle du hip hop à la fin des années 1970 à New York, entre rap, graff et danse ? Comment donner une place à cette multitude d’acteurs – MC, DJ, graffeur, producteur… – qui ont participé, consciemment ou non, à l’émergence d’un style musical (et de ses composantes annexes) qui allait prendre le pas sur tous les autres ? Comment condenser tout ça en bulles et cases et rendre le tout à la fois compréhensible et fun ? Ed Piskor ne s’est pas dégonflé, n’a malheureusement pas évité tous les écueils, mais s’en sort avec une mention très honorable pour ce premier tome.
En effet, l’auteur américain accumule les détails et anecdotes, empile les personnages, passe de l’un à l’autre sans prévenir, et ainsi brosse un portrait plutôt fidèle et tonitruant de la génération des Afrika Bambaataa ou Grandmaster Flash, pionniers du mouvement. Un portrait toutefois difficile à suivre pour qui n’aurait pas les bases en la matière, tant le nombre de protagonistes est important, leur ressemblance frappante, et les liens entre eux peu évidents. Le choix du documentaire était sans doute le meilleur pour prétendre à une certaine exhaustivité, mais la présence d’un héros qui aurait emmené le lecteur avec lui dans la découverte de ce monde aurait certainement facilité la compréhension. Au-delà de ce vrai souci narratif inhérent au projet, Ed Piskor s’en tire bien avec son trait rond et drôle, ses planches volontairement vieillies et tramées, son dynamisme général et son soin à ne pas oublier de reproduire des flows de rappeur qui ont changé la face de la musique moderne. Si on arrive au bout de la lecture de ce premier volume, qui couvre la période des années 1970 à 1981 vous donnera forcément envie d’écouter ces morceaux d’histoire (les éditions Papa Guédé proposent un mix ici), on prend alors conscience que ce qui allait devenir un mastodonte de l’industrie musicale (et même au-delà, si on pense à la mode, au graphisme, au sport, etc.) est véritablement né dans la rue. Et c’est déjà beaucoup.
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