Hippie Trail
« Je suis née en Grèce. Je dois dire que je crânais beaucoup avec cette histoire. » Cette histoire, celle de sa naissance, Séverine Laliberté n’en a longtemps pas connu les circonstances exactes. « Ça ne s’est pas passé comme prévu », lui répondait sa mère quand elle la questionnait. Au fur et à mesure, la jeune fille apprend qu’elle est née en prison. Et entame à l’âge adulte un travail de mémoire sur plusieurs années avec Viviane, sa mère, Éric, son père, leurs (anciens) amis et sa tante, qu’elle interroge pour tenter de reconstituer l’aventure ayant mené à sa naissance. Une histoire personnelle qui se mêle à la grande, en plein dans les années 1970, sur la fameuse « Hippie Trail », la route qu’empruntaient les hippies occidentaux jusqu’en Afghanistan.
La première partie de Hippie Trail est un récit de voyage, souvent cocasse, fourmillant de détails et d’anecdotes. À travers la Turquie, l’Iran et l’Afghanistan, l’histoire des parents de Séverine et de leur ami Kocq, partis en 4L, se mêle à celle d’un groupe anarchiste français, de Quassem, un jeune Afghan, et d’amateurs de cannabis. Sur le chemin du retour, Viviane échoue dans une prison grecque, dont elle sortira après moult tribulations.
L’histoire familiale de Séverine Laliberté forme un excellent terreau romanesque. Photos, lettres et documents donnent davantage d’épaisseur à ce récit personnel. Mais la profusion d’anecdotes tend souvent à noyer le récit intime et rend la lecture un peu longue. Les passages didactiques, s’ils apportent un éclairage bienvenu sur l’époque, font trop souvent perdre le fil du scénario.
La ligne claire d’Elléa Bird s’accorde très bien avec cette histoire rocambolesque et souligne les encarts pédagogiques avec efficacité. Quelques touches de couleurs bien choisies agrémentent le noir et blanc pour mettre en valeur des détails ou élément-clés du récit. Le graphisme est particulièrement expressif dans les moments d’émotion ou de contemplation : les images des monuments iraniens et afghans tout comme les scènes les plus touchantes du séjour de Viviane en prison, resteront en tête.
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