Histoires de famille
Au fil de ces « huit nouvelles dessinées » comme l’indique le sous-titre, le Suédois Pelle Forshed met en scène des auxiliaires de vie confrontés chaque jour à des vieillards, handicapés, personnes dépendantes ou en fin de vie. Un métier éprouvant, pour lequel il faut souvent « se blinder » pour ne pas se laisser déborder par l’émotion. Cela, Liisa a du mal à le faire. Pelle, lui, réussit mieux, mais se détache parfois un peu trop de ses attributions, et néglige certains de ses patients.
Sujet délicat que celui de la dépendance et de la fin de vie, car le risque du pathos est permanent. Pelle Forshed opte ici pour le point de vue des personnes chargées de nourrir, laver ou accompagner des dames âgées ou des vieux garçons, et alterne entre moments cocasses et situations gênantes. En enchaînant des récits d’anecdotes qu’on imagine inspirées de faits réels et des réflexions introspectives le métier de soignant, il évoque tour à tour la pression de la famille des malades, les plaintes pour maltraitance, le désir d’abréger une vieillesse trop douloureuse, le rapport à un corps qui se dégrade… Tous ces sujets sont rares et intéressants, mais l’ensemble manque de cohérence, comme un puzzle dont on n’aurait pas trouvé les pièces du tour. La distance mise avec les personnages de Pelle et Liisa n’aide pas à l’immersion, tout comme le dessin à la ligne minimaliste à l’excès, malgré quelques trouvailles graphiques. Finalement, l’épisode des vacances du fils d’une vieille dame décédée – qui part aux Canaries faire de l’échangisme, et se retrouve à flipper complètement face à des anatomies plus jeunes – est peut-être la plus subtile, et parvient presque à donner leur sens aux autres. Une fois refermé, ce joli recueil à l’édition soignée laisse une curieuse impression, entre une grande émotion liée aux thèmes abordées et une déception quant au traitement de certains chapitres. Intéressant, mais inabouti.
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